Comédie de Jacques Audiberti, mise en scène de Marcel Maréchal, avec Marina Vlady, Marcel Maréchal, Emmanuel Dechartre, Mathias Maréchal, Antony Cochin, Michel Demiautte, Nassim Haddouche, Céline Martin Sisteron et Julian Peres.
Dans sa longue vie théâtrale, Marcel Maréchal a eu une passion : Jacques Audiberti.
Cinquante ans après la mort de l’auteur du "Mal Court", en 1965, il continue à perpétuer sa mémoire, notamment en remontant périodiquement "Le Cavalier seul", pièce dont il fut le créateur à Lyon, en 1963, et qu’il n’est désormais plus le seul à considérer comme son chef-d’œuvre.
Dans cette nouvelle version, avec pour seul décor une toile peinte aux couleurs chaudes qui évoque les lieux lumineux que Mirtus, le cavalier du titre, va traverser, Marcel Maréchal a privilégié l’écoute de la belle langue sudiste et poétique d’Audiberti pour prouver sans peine qu’elle fait atteindre au français moderne des cimes qu’il a rarement atteintes, surtout au théâtre. Ici les mots prononcés ont tous un sens et résonnent d’autant plus aux oreilles de 2014 qu’ils disent un monde qui a peut-être plus d’échos aujourd’hui qu’hier.
Le chemin chaotique de ce paysan-chevalier, qui part pour les Croisades avec pour dessein de délivrer le tombeau du Christ, n’est pas éloigné de celui de ces chasseurs d’absolu dont l’amour infini se transforme souvent en pur fanatisme.
Du Languedoc à Jérusalem, en passant par Byzance, Mirtus, le paysan devenu cavalier, découvre ce qui sépare et rassemble l’Occident et l’Orient. Même s’il teinte son récit d’humour, Audiberti ne se fait pas d’illusion : impétueux, exalté, Mirtus a beau croiser Dieu de nouveau sous forme humaine, de nouveau promis au supplice, il n’en reste pas moins un soudard qui préfère le sang et le sexe au message d’amour porté par les religions du Livre…
Humaniste, Audiberti n’aime pas les missionnaires armés et Marcel Maréchal relaie son pessimisme en le tempérant toutefois par une mise en scène assez joyeuse, où les acteurs endossent successivement des tenues paysannes, byzantines ou ottomanes, subtilement dessinées par Jacques Angéniol.
ans la belle lumière de Jean-Luc Chanonat, on sera ravi de revoir aux côtés de Marcel Maréchal la toujours rayonnante Marina Vlady, et de découvrir un fougueux Mirtus en la personne de Mathias Maréchal.
On espère que ces retrouvailles réussies avec Audiberti en appelleront d’autres et que grâce à son fidèle serviteur, Marcel Maréchal, cette œuvre retrouvera la bonne place qu’elle mérite. |