"Tu achètes tes disques chez Nature & Découvertes maintenant ?". Voilà le commentaire un poil gonzo de mon amie qui se moque bien de ce que je peux écouter. Et de renchérir avec un "j’imagine bien la pochette, avec un type près d’une maison en pierre, des moutons, beaucoup de vert, la mer, l’île d’Ouessant". Pour le coup, elle a tort, la pochette est à dominante de bleue.
Tout cela pour parler du dernier album de Yann Tiersen : Infinity. Difficile de la contredire dans le fond puisque j’entretiens des rapports conflictuels avec la musique du breton depuis… un concert à Reims le 17 octobre 1998, en première partie de Goran Bregovic. C’est sûrement idiot mais c’est comme cela ! Sans les voix (de Dominique A, Claire Pichet, Lisa Germano ou Neil Hannon), la musique de Tiersen perdait beaucoup de ses charmes et de son intérêt, chaque morceau joué à l’alto ou au toy piano (quelle horreur cette instrument sincèrement…) semblant n’être qu’une simple et même mélodie.
Si j’avais apprécié La Valse des monstres, Rue des cascades, Le Phare ou L’Absente, je dois avouer que j’ai lâché la discographie de Yann Tiersen à partir de Les Retrouvailles. Je ne parlerai pas ici de la B.O. de La Vie rêvée des Anges ou de celle du Fabuleux destin d’Amélie Poulain, cette dernière cristallisant quand même tout ce que je peux ne pas aimer dans sa musique, cette impression d’avoir une mélodie et de nombreuses variations, pas forcément super enthousiasmantes, autour.
"Deep in the rock there was a house / In the middle of the house there was a hearth / In the hearth there were some ashes..."
Infinity est le huitième album studio de Tiersen. Le 8, forme symétrique qui se croise sur elle-même pour former une figure géométrique infinie. Bonjour la symbolique, le titre était tout trouvé. Pour la musique, les dénominateurs communs semblent être la mer, les paysages désolés, la contemplation et les langues (l’anglais, le breton, l’islandais ou le féroïen) et la pierre comme thème central. Infinity sent les embruns, la nature semble murmurer les mélodies et donne l’impression de passer sa main sur la surface grenue du granit. On jurerait presque même entendre la lande chanter et les cloches tintinnabuler.
Il y a de forts beaux moments dans ce disque (le travaillé "A Midsummer Evening", "Meteorites" en collaboration avec Aidan Moffat, "Lights") et d’autres plus anecdotiques où l’émotion se délite (la faute à de longues répétitions, à des clichés de composition qui lui sont propre, à l’instrumentarium, à un magma sonore, des titres qui souffrent du poids de leur propre ambition…).
Il n’est pas nécessaire d’être Breton pour apprécier ce disque qui offre quand même l’opportunité de faire un beau voyage intérieur, ce qui peut aussi impliquer un repli sur soi, où manquent parfois la poésie et la profondeur d’un Magnetic North. |