The Pains of Being Pure at Heart bat moins fort et s’en porte bien mieux. Ces éternels romantiques de Brooklyn semblent avoir trouvé le bon rythme sur ce troisième effort, en purgeant leur noisy-pop des excès de production du passé. Après les hormones de croissance prescrites par Flood et Moulder (U2, Depeche Mode, The Smashing Pumpkins) sur le boursouflé Belong, Kip Berman et sa bande d’adulescents tendent avec Andy Savours une ligne claire qui nous accroche à nouveau.
La cure des jouvenceaux n’est d’ailleurs pas qu’un exercice de style – adieu larsens et distorsions shoegaze – puisque le groupe est désormais allégé de Peggy Wang (chœur et clavier), remplacée par la chanteuse Jen Goma (à la voix au sein de A Sunny Day in Glasgow). Du sang neuf pour ces Teenagers in love, devenus nos chouchous de l’indie pop US depuis un premier album éponyme en 2009, véritable pontage vers l’artère principal du rock indé britannique des 80’s dont la compilation C86 du New Musical Express provoqua l’hémorragie qu’on connaît.
Loin de manquer de souffle après la digestion d’influences si emblématiques de cet âge tendre (The Pastels, Shop Assistants, The Wedding Present, mais aussi My Bloody Valentine, Felt, The Field Mice), le frêle et fragile quatuor coupe le nôtre en calant cette fois ses pulsations sur celles de nos deux grands amours adolescentes. The Smiths sur "Masokissed", "Life After Life" et surtout "Kelly" pleine de grâce – elle figure déjà parmi les 25 meilleures chansons de 2014 selon le Time Magazine – portée par The Organ de Jen Goma. Puis The Cure sur un "Simple And Sure" effectivement déconcertant de facilité et d’assurance. Que les fans de la première inspiration des TPOBPAH se rassurent, l’éruption "Coral And Gold" grondera dans leurs oreilles "Until The Sun Explodes". Un cœur en fusion avec ses illustres références, qui fait boum le temps du quart d’heure américain "Art Smock". Ultime coup de foudre surprise de cet album tableau de chasse dénué de toute erreur de jeunesse, "The Asp At My Chest", et ses cuivres rutilants – Kelly Pratt, autre renfort de poids (Beirut, Herman Düne, Arcade Fire…) – qui sonnent la fin des ébats.
The Pains of Being Pure at Heart a un cœur d’artichaut mais ses effusions, aussi passionnées que sincères, avec d’(in)estimables aînés ne souffrent d’aucun geste déplacé. |