Pour des raisons qui nous demeurent obscures, la rappeuse M.I.A. n'a que peu tourné en Europe depuis la sortie de son dernier opus et ne comptabilise qu'une poignée de dates et en majorité lors de festivals. Autant dire que son public demeurait sur les dents et ne comptait en aucun cas la rater lors de son passage en première partie de NAS le dimanche 6 juillet dernier.
Si les deux étaient réunis, le temps d'une nuit, grâce aux efforts du festival Paris Hip-Hop 2014, on comprenait très vite que le public de la salle du zénith de La Villette était divisée entre les tenants du rappeur de Illmatic et ceux convaincus par la voix issue du 3rd World. C'est que portée, par une iconographie faite de bric et de brac, de second degré et surtout d'une dimension géopolitique et culturelle outre passant largement les limites de la Grande-Bretagne, M.I.A. a su s'assurer un large panel d'oreilles, appréciant ses rythmes hallucinés tout autant que ses piques bien senties à l'encontre du système.
Un algorithme gagnant auquel s’est frotté tout un public survolté, presque comme convulsé suite aux couleurs de la tenue de l'artiste. Quoi qu'il en soit, la chanteuse a effectué un survol presque complet de sa discographie, ouvrant avec des versions sur vitaminés des titres "Sunshowers" et "Galang" issus de son premier album Arular et agrémentant son set des titres les plus fameux tirés de ses albums précédents. Et si aucune chanson de l'album MAYA ne s'est frayée de chemin jusqu'à cette performance, c'est bien Kala et Matangi qui ont imprimé toute la dynamique de ce concert dans les tympans du public.
Ainsi, "Hussle", "Y.A.L.A.", "World Town", "Bamboo Banga" et bien évidemment "Bad Girls" furent des moments d'hystérie généralisée face au rap un peu fouilli, mais surtout percutant de la chanteuse. Flanqué de deux danseurs, dont l'inégalable et infatigable WhityBoi, et d'une choriste s'attardant à chauffer la salle ou à appuyer les punchlines et les refrains, le show est de toute évidence très travaillé. C'est d'ailleurs sans surprise qu'on repère en fond de scène un DJ permettant à M.I.A. d'enchaîner entre chaque titre.
Sans marquer d'arrêt et avec une fluidité endiablée, propice à encourager le ruissellement des corps, la bad girls britannique navigue dans sa discographie, la malmène sans plus de cérémonie, bien heureuse de rendre la foule à demi folle à grands coups de punchline à la façon de "M.I.A. is comming back with power, power". A ceux qui ne se sont jamais complètement résolu à incorporer cette artiste dans la famille du hip-hop et à n'en faire qu'une artiste pop, il est temps de venir découvrir la MC britannique sur scène. |