"It’s not our house that we remember ; it’s a feeling outside it"

La photo de Louise Lemercier qui sert d’artwork à la pochette de Familiars montre une statue où un couple s’enlace, se reposant l’un sur l’autre. Beaucoup d’amour, d’humanité. Une constance chez The Antlers.

Depuis leur premier album dans la version actuelle du groupe, la tristesse, la douleur, la mélancolie sont au centre de leur musique. Hospice, sorti en 2009, parlait de la maladie et de la mort, Burst Apart, le second disque paru en 2011, en était presque une suite puisqu’il traitait de la difficulté de se reconstruire après la disparition d'un être cher, de l’angoisse de vivre seul… Dans Familiars, les textes parlent toujours des démons que Peter Silberman, leader du groupe, doit affronter. Les thèmes abordent l’identité (qui peut être double), la perception et la connaissance que l’on a de soi, la rédemption et les traumatismes passés.

Peter Silberman est, on l’imagine, une personne tourmentée, bataillant entre joie de vivre, souffrance et questionnements. Cathartique, la musique de son groupe est à l’image de son chanteur / guitariste où l’on retrouve un mélange de pop et de slowcore dans des tons clairs-obscurs. La délicatesse des mélodies n’ayant d’égal que leur douceur. Tout comme le faisait George de La Tour, The Antlers joue avec les textures, les couleurs et se montre témoin d’une certaine réalité humaine. Au milieu de l’obscurité, entre ombre et lumière, se dégage une musique sombre et épineuse, gracieuse, vibrante, poignante, portée par des tempos lents, quelques accords mineurs et des arrangements discrets. Les lignes mélodiques plaintives sont mises en valeur par la voix assurée de Silberman et par la trompette presque omniprésente de Darby Cicci.

Familiars est une autre façon de gravir l’Everest, et l’on est certain d’y trouver souvent refuge. Et si l’on peut trouver que Familiars tourne parfois en boucle (récurrences des tempos, des tonalités, des ambiances), on ne peut que plaindre Silberman, tant de peines pour tant de beautés…