31 degrés au thermomètre de la voiture et une bonne chaleur poisseuse. Au loin, le ciel est bas et gris foncé et des éclairs zèbrent l’horizon. Se rendre compte à ce moment précis qu’on a oublié un vêtement de pluie et des bottes en cas de déluge. Pourtant, malgré cet horizon menaçant, le temps et la chaleur tiendront. Juste une petite averse qui laissera place à un soleil de plomb. Le beau temps garanti toujours un festival réussi et cette année, les "Charrettes" ne peuvent pas se rater après une édition 2013 en demi-teinte. Pour le moment, le pire semble être évité puisque les préventes sont bonnes et que cela devrait permettre au mastodonte des festivals Européens d’atteindre son équilibre financier. D’autant plus que cette année, l’affiche est plutôt alléchante. Certes, il faut composer avec un certain éclectisme cher au festival, mais cette édition permettra de voir de grosses pointures internationales (Black Keys, Franz Ferdinand, Arctic Monkeys) et des valeurs sûres (Miossec, Christophe, Daho).
L’arrivée à Carhaix reste toujours un grand moment : des gens qui tirent des caddies remplis de packs de bière, des déguisements aussi improbables que flippants (des bonnes sœurs SM), des t-shirt risqués (une fille se trimballant avec un t-Shirt "Text me when you’re ready to fuck") et des bracelets "I love Kev Adams".
Les bars sont pleins alors qu’il est à peine 15 heures, les yeux de certains sont déjà vitreux et on peut toujours compter sur un ado qui finit inconscient sur la plaine de Kerampuilh à 17 heures parce qu’il a confondu vitesse et précipitation avec la vodka Red Bull.
Shantel & Bucovina Club Orkestar lancent les hostilités avec leur "électro gypsie".
Ce qui sur le papier ne fait déjà pas vraiment envie prend toute son ampleur sur scène.
C’est aussi éprouvant et pas éloigné de la musique festive genre Ska-P que mon frère nous faisait subir à la maison.
C’est au-dessus de mes forces, ce genre de musique est urticante pour mes oreilles.
La belle Vaness’ Paradis enchante la plaine de Kerampuilh et nous gratifie d’un best-of plaisant qui me replonge dans les samedis soirs top 50 de la fin des années 80. A noter la présence discrète de Benjamin Biolay. On se demande bien ce qu’il pouvait faire là.
Un petit détour vers la nouvelle scène Xavier Graal pour tenter d’apercevoir Hollysiz toute de rouge et noir vêtue. Aucun rapport avec Jeanne Mas puisque Cécile Cassel se rêve en Blondie Française... Si ça peut lui faire plaisir.
Mat Bastard, le sympathique chanteur des Skip The Use fait clairement le boulot.
Une honnête tentative de Bloc Party à la Française, de l’énergie et une reprise un peu facile de "Killing In The Name Of" de Rage Against The Machine.
Je me rends compte avec effroi que si j’avais quinze ans, je serais sûrement à pogotter au premier rang.
On passera assez vite sur la prestation mollassonne et paresseuse des Black Keys qui se sont limités à une prestation "minimum syndical". Même leur énergique version de "Lonely Boy" n’y changera rien.
Après un rapide coup d’œil à ma montre, je me rends compte avec effroi qu’il n’est que dix heures et demi et que le sommeil me tombe dessus. Comme souvent, j’ai perdu mes potes et le réseau sature. Impossible d’envoyer ou recevoir un SMS. C’est le même cirque qu’au nouvel an et c’est franchement agaçant. J’aime me faire du mal donc je tente d’aller voir Fauve pour la deuxième fois en un mois et demi. Cette seule pensée me glace les sangs, mais j’y vais. Je constate encore une fois que si Fauve était un projet instrumental, ça passerait sans problème. Musicalement, ça tient la route et il y a de bonnes idées. Mais encore une fois, le refus de se faire filmer et photographier (ils sont moches ou quoi ?), les textes sur des considérations existentielles dignes d’un collègien, le langage délibérément "Djeuns" (vous êtes trop des oufs , vous êtes trop à donf les Bretons) et la tentative de chant Breton en canon finiront par avoir raison de ma patience.
A la simple pensée de voir Indochine, je suis au bord des larmes. Si au moins je n’avais pas perdu mes potes, ça rendrait les choses plus simples. J’en veux à SFR et je me dirige vers mon lit.
Et puis ce matin, en prenant mon café à la terrasse d’un troquet, j’ai eu la chance d’être entouré de fans d’Indo. Bah ouais, pour acheter un t-shirt d’Indo, faut être au minimum fan... Vous noterez que commencer la journée entouré de fans d’Indochine... La vie ne fait pas cadeaux... Donc visiblement, c’était bien. Parole de fan. |