"Adieu l’enfance, maintenant j’en suis certaine, tu ne reviendras pas, j’en suis certaine, gamine aux abois, j’pleurerai pas pour ça, j’pleurerai pas pour toi"
Tapie dans l’ombre de l’underground Parisien, La Féline distille sa musique avec une certaine parcimonie, 5 EP depuis 2009. C’est peu et c’est un crève-cœur pour tous les gens qui ont un jour goûté à ses chansons. Rassurez-vous, le groupe emmené par Agnes Gayraud au chant et à la guitare (on peut parler de projet solo maintenant…) devrait sortir enfin un premier album (appelé également Adieu l’enfance) en octobre chez Kwaidan Records.
En attendant, La Féline donne un coup de griffe dans notre cœur plein de spleen, plein de nostalgie de cette enfance irrémédiablement derrière nous avec cet EP aux teintes bleues (avec ce que cette couleur peut véhiculer comme significations : le rêve, la sagesse, la pureté qui permet de retrouver un relatif calme intérieur lié aux choses profondes mais également la mélancolie). Bleue comme la couleur de la parka qu’Agnes Gayraud portait enfant sur une photo retrouvée par la chanteuse bien longtemps après avoir été prise et élément déclencheur de la composition de ces 2 titres.
Avec une infinie finesse, Agnes Gayraud caresse les souvenirs d’une enfance qui ne reviendra pas, les souvenirs perdus à jamais, coup de couteau dans l’âme. Elle se raconte dans ses chansons mais parle à notre propre intimité. Loin de tout pathos lourdingue, et avec l’intelligence et la culture qu’on lui connaît, la jolie française articule ses chansons autour d’une musique synthétique (l’excellent travail de Xavier Thiry alias Hello Kurt) et profonde.
La Féline, en perpétuelle évolution artistique et stylistique depuis ses débuts, semble toujours animée par cette envie de jouer avec les genres, les timbres et les motifs sonores faisant penser aussi bien à Kate Bush qu’à St Vincent. Ici, c’est avec une grâce diabolique qu’elle imprime sur notre peau sa musique.
Adieu l’enfance est un disque écrit avec précision, avec la minutie qui conduit à une parfaite épure caractérisée par la mesure et l’équilibre. Il est impossible de ne pas goûter à cette écriture finement ciselée, à cette voix aérienne, à cette façon de jouer avec la pulsation des mots sur le rythme de la musique, à ces lignes mélodiques. Il est impossible de ne pas vibrer ou, si c’est le cas, c’est que votre cœur s’est sensiblement endurci. Superbe. |