Tout a déjà été dit sur Jack White. Il fait partie désormais et, souhaitons-le pour longtemps, de ces artistes qui se suffisent à eux-mêmes. Un disque sort et ses fans se précipitent. Deux Olympias dans la foulée, pas de problème. Le tout sans 4x3 dans le métro, ni pub TV. Juste des fans et des tas d'articles dans la presse parce que tout bon journaliste culturel ne doit pas passer à côté du phénomène White aux mains d'or. Et c'est bien mérité, qu'on se le dise.
Bref, je me suis dit comme ça en écoutant pour la énième fois ce Lazaretto que ce n'est pas parce que le gars White n'a pas besoin de moi pour vendre ses disques que je ne peux pas donner mon avis, qui sait quelques lecteurs qui ne liraient que Froggy's Delight pourraient faire une belle découverte.
Alors d'abord, il faut dire que Jack White et son indéfectible label Third Man Records ne se foutent pas de la gueule du client. Si l'album existe évidemment en numérique et en CD, c'est sur la version vinyle que l'effort a été fait. Si, de prime abord, le disque ressemble tout à fait à n'importe quel autre, il s'avère néanmoins plein de surprises au rang desquelles un mastering spécifique au support et différent des autres versions, une face qui se lit du centre vers l'extérieur et d'autres choses à découvrir une fois l'objet en mains. C'est classe et cela incite évidemment à l'achat plutôt qu'à écouter de tristes fichiers sur son PC.
Ceci dit, quel que soit le support choisi, c'est tout de même le contenu qui est le plus important et là aussi, il y a de quoi se réjouir. Le blues de White est plus que jamais énergique et jouissif, avec un potentiel tubesque qui n'a rien à envier à son "Seven Nation Army" à commencer par le titre introductif "3 women". C'est à la fois brut et pourtant ciselé à la perfection, une énergie canalisée mais pas retenue. On se trouve indéniablement en face d'un artiste en pleine maîtrise de son art et dont le plaisir pris à faire des disques se communique par et au-delà de ses morceaux.
Il n'y a qu'à écouter "Lazaretto" pour s'en convaincre, White y jouant à prendre son propre contre-pied sur un etonnant final. Maîtrise des instruments et des mélodies mais aussi de sa voix qui se promène du côté de chez Bowie, le temps d'un "Temporary Ground" ou des Stones sur "Just one drink".
Ce disque est à la fois un exercice de style et un hommage au blues qu'il aime tant et qu'il modernise largement en s'autorisant aussi à peu près tout et n'importe quoi, comme cette diction presque rap sur un fond un rien funky sur le titre "That black bat licorice", un brin Prince-ier boosté. Un disque riche, réjouissant et original que ce Lazaretto, certes au casting moins spectaculaire que ses précédents projets mais qui risque néanmoins de faire date. White is White. |