Monologue dramatique de Gilles Ségal dit par Pierre-Yves Desmonceaux.
A l'hiver de sa vie, un homme, Juif rescapé de la Shoah, prend la plume pour léguer à ses descendants, mais également au monde et à l'Histoire, un récit-témoignage d'un moment de vie hautement symbolique qu'il a gardé secret.
Dans le train composé de wagons à bestiaux qui menait vers un camp de la mort, il a côtoyé un père qui a voulu, amour, candeur et fol espoir mêlés, épargner son jeune fils de la réalité tragique en scandant le "voyage" comme des journées de classe pour lui transmettre savoir et valeurs morales qui mène vers l'âge d'homme.
Car en ce temps-là, pour ceux qui ont pu comprendre ou pressentir ce qu'annonçaient le port de l'étoile jaune et les rafles, l'amour c'était chasser ses enfants, se séparer d'eux pour tenter de les mettre à l'abri, leur mentir pour ne pas les confronter à l'horreur absolue et à la mort, voire de les tuer pour les soustraire à l'innommable.
Ecrit en 2002, ce texte intitulé "En ce temps-là, l'amour...", qui n'est pas sans évoquer la thématique, et le ton, du film césarisé et multi-oscarisé "La vie est belle" réalisé en 1997 par Roberto Begnini, a été écrit par le comédien et auteur dramatique Gilles Segal, décédé en juin 2014, texte qu'il a plusieurs fois interprété lui-même sur scène puis au cinéma filmé par Irène Jouannet.
Avec sobriété, Pierre-Yves Desmonceaux met son métier et son talent au service du texte et reprend, hors de tout pathos, cette partition monologale qui constitue, toutefois sans dogmatisme, un indispensable vademecum humaniste. |