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Interview  (Paris)  jeudi 2 octobre 2014

Après avoir découvert Raphaël Granier de Cassagnac lors de la sortie de son deuxième roman, Thinking Eternity, j'avais envie d'en savoir plus sur l'univers de cet auteur de science-fiction qui réussit à intéresser les néophytes de ce genre grâce à des thématiques universelles et tellement d'actualité (lors de cette interview, le sujet de la propagation du virus Ebola n'était pas encore sous les feux de l'actualité, mais je vous laisse lire ce roman pour constater de l'esprit d'à-propos de l'auteur). Rencontre.

Tu es à la fois auteur et chercheur (en physique des particules), y a-t-il eu des apports dans Thinking Eternity de cette deuxième profession ?

Raphaël Granier de Cassagnac : Je n'ai pas mis de science dure dans ce livre. J'aurais pu faire un livre de hard science - comme les fans de science-fiction le nomment - dans lequel je trufferais le texte de termes scientifiques, mais ce n'est pas l'approche qui m'intéresse : sans en faire le thème du livre, je souhaitais montrer la sociologie de la science, comment elle se fait, quels sont les mécanismes de décision... Je montre cela un petit peu à travers les deux personnages de Diane et Adrian. Mais les éléments scientifiques que je mets dedans sont plutôt sur la biologie.

Je parle un peu des processus que j'ai observés en recherche, et il y a par exemple une scène de soutenance de thèse, où le protocole est typiquement celui d'une soutenance française, par exemple le moment où l'on demande si un docteur dans la salle souhaiterait poser une question. Ça ne se fait pas aux États-Unis où je situe la scène, mais en France.

Cette interview se passe à quelques mètres de l'endroit où commence le roman (à la station Châtelet-Les Halles à Paris), mais on voyage pas mal aussi dans ce livre, aux États-Unis, au Japon, dans divers pays d'Afrique... Est-ce que ce sont également des expériences que tu souhaitais partager ?

Raphaël Granier de Cassagnac : Oui, toutes. Je me suis attaché à ne montrer dans le livre que des endroits où je suis allé... sauf Wonderland et Neptune ! Sur le site du livre, j'ai d’ailleurs mis une galerie de photos où l'on retrouve quelques uns des endroits mentionnés. Mais ce sont juste des décors, j'essaie de ne pas m'y appesantir pour ne pas avoir de côté "guide touristique".

Cela donne une vraie impression de village global, où l'on prend l'avion comme on prendrait le métro...

Raphaël Granier de Cassagnac : Oui, toute la construction du livre tourne autour de cela : chaque chapitre est très court afin de mettre en avant que l'unité de temps du monde d’aujourd’hui est très courte. On passe rapidement d'une action à une autre qui se passe à l'autre bout du monde, l'idée était de tendre un récit à travers la planète où tout va très vite, jusqu'à la fin.

Parlons un peu du Thinking, qui est au centre de ton roman. Pourrais-tu nous dire de quoi il s'agit et comment il s'est développé ?

Raphaël Granier de Cassagnac : Le fondamentalisme d'aujourd'hui montre qu'énormément de gens ont besoin de croire en quelque chose d'important, et ce besoin se crée un peu partout à travers le monde. D'autre part, j'ai toujours trouvé que la façon que l'on avait d’expliquer la science était beaucoup trop compliquée. En mettant en commun ces deux idées, cela a donné l'idée d'une "religion scientifique" (même si le terme est réfuté par le personnage qui en est à l'origine dans le roman) qui remplacerait dans une certaine mesure toutes les autres religions. Les problématiques dans la science sont souvent les mêmes que dans la religion : l'origine de la vie et de l'univers, l'apparition de l'Homme. Je me suis ainsi demandé ce qui se passerait si quelqu'un se mettait à professer la science dans des endroits où elle n'est pas encore "arrivée". Je suis parti d'Afrique, d’endroits où je suis passé personnellement. La description des Mursi d'Éthiopie, qui ne détiennent d’autres objets technologiques que des Kalachnikovs, vient de cette expérience par exemple. Dans le roman, Adrian commence ainsi à raconter la science dans ces contrées et cela prend ensuite une ampleur qui va le dépasser complètement.

Pour que le mouvement cartonne, j'ai pensé à un réseau social, Thinkcity qui, pour moi, va arriver vraiment : un réseau social dans lequel on se voit, on se parle... je me suis inspiré très directement d'un excellent film français qui s'appelle 8th Wonderland.

Le dernier aspect du Thinking concerne ce que j'ai appelé Thinkopedia. On dispose d'une encyclopédie globale qui s'appelle Wikipedia, mais il manque ce niveau ajustable d'entendement : en fonction de sa capacité à lire et écrire, ou à comprendre, on peut demander à se faire lire une explication très simple d'un concept recherché, ou à l'inverse quelqu'un de calé sur ce même concept peut y trouver les dernières publications scientifiques...

La modification corporelle du personnage d'Adrian joue un rôle important dans la popularisation du Thinking...

Raphaël Granier de Cassagnac : Adrian, je l'ai voulu cybermodifié pour deux raisons : Tout d'abord, c'est le traumatisme qui déclenche tout pour lui, il va tout quitter à la suite de cela. D'autre part, son apparence va contribuer en effet à la popularisation du Thinking : c'est l'un des premiers hommes à avoir ces yeux cybernétiques. Je n'avais pas spécialement de référence quand je me suis imaginé ces yeux, j'avais volontairement choisi de ne pas trop les décrire pour que chacun puisse se les imaginer ; puis l'éditeur a proposé le visuel de la couverture actuelle, et j'ai décidé de rajouter un passage où Adrian les découvre dans la scène du miroir. C'est l'un des derniers chapitres que j'ai écrits.

Peux-tu nous parler du Googland ?

Raphaël Granier de Cassagnac : C'est également quelque chose que j'ai imaginé, mais dont je suis certain qu'il va devenir réalité. Dans pleins d'ouvrages cyberpunks, il y a cette idée que des corporations privées deviennent extrêmement puissantes, mais je ne connais pas d’ouvrages dans lesquels elles deviennent complètement indépendantes des États. C'était mon point de départ : que des entreprises comme Apple ou Google finissent par négocier avec des États d'acheter des terrains - et quand on voit les dettes actuelles des États, on se dit pourquoi pas ? Par exemple racheter la dette de la Grèce en échange de la Crête. De nouveaux pays existeraient alors dont l'origine serait liée à l'existence d'une entreprise multinationale. À partir de là, elles imagineraient de nouvelles façons de gouverner. J'appelle cela dans le livre des "Sociétats", et je pense que de telles sociétés pourraient exister... Et quelques mois après que j’ai écrit le chapitre Googland, Larry Page, le PDG de Google, annonçait qu'il souhaitait qu'il y ait des terrains d'expérimentations de modèles démocratiques sociaux confiés à des entreprises.

Dans la première interview accordée à Froggy's Delight pour la sortie de Eternity Incorporated, tu parlais déjà de ce prequel (Thinking Eternity). Es-tu déjà sur la suite ?

Raphaël Granier de Cassagnac : Oui, j'ai écrit le synopsis cet été. Après c'est difficile d'en parler plus en détails sans spoiler la fin de Thinking Eternity ! L'action se passerait après la fin de Eternity Incorporated, plus de six cents ans après Thinking Eternity...

Une dernière question pour conclure : tu diriges la collection Ourobores chez Mnemos, tu peux nous parler d'une nouveauté, d'un coup de cœur ?

Raphaël Granier de Cassagnac : Ourobores, c'est une collection d'une dizaine d'ouvrages atypiques. Le terme vient du serpent qui se mord la queue, il s'agit de "livres univers". On s'empare de l'imaginaire d'un auteur comme Lovecraft, Jules Verne, et l'on se balade dans cet imaginaire. Ceux que j'ai dirigés sont extrêmement (bien) illustrés, avec un volume de textes aussi importants qu'un roman. Ce sont vraiment des OLNI : objets littéraires non identifiés ! On va s'attaquer bientôt à l'univers du steampunk dans ce format. Nous allons également développer un ouvrage de science-fiction sur l'univers d’Ayerdahl et de Jean-Claude Dunyach, dont les ouvrages Etoiles mourantes, et Etoiles mortes sont en train d'être réédités.

 

A lire sur Froggy's Delight :
La chronique de "Thinking Eternity" du même auteur
La chronique de "Eternity Incorporated" du même auteur
L'interview de Raphaël Granier de Cassagnac à propos de Eternity Incorporated

En savoir plus :
Le Facebook de Raphaël Granier de Cassagnac
Le site officiel des Editions Mnémos

Crédits photos : Laurent Hini


Sébastien Pruvost         
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