Prince reste une entité majeure, pour ne pas dire supérieure quand il est question de musique. Non seulement l’homme a été chantre de son propre genre, une icône au style bien trempé, mais aussi et surtout : un musicien novateur. Et si la dernière décennie n’a sûrement pas été la plus prolifique de l’homme, son retour en 2014 avec deux albums soulève des points intéressants.
Premièrement parce que Prince est et reste un artiste qui travaille à son rythme pour atteindre un son qui lui est très particulier. Mais aussi parce que l’homme évolue maintenant (en apparence au moins) loin des sphères constituées par les attentes de son public et de sa maison de disque. A noter, que Art Official Age et PLECTRUMELECTRUM sont tous deux sorties chez Warner Bros., près de 20 ans après la rupture médiatisée entre les deux parties, comprendre que l’artiste semble avoir dépassé toute velléité de guéguerre avec la grande major !
Et si PlectrumElectrum s’offre comme un album constitué par Prince, Hannah Ford Welton, (batterie), Donna Grantis (guitare) et Ida Nielsen (basse), il est avant tout un album de Prince.
Chaque production reste marquer par les guitares électro-funk de l’homme qui s’acharne, tant que faire se peut, à restituer un esprit "girl-band" extrait des années. L’effort est louable et certains titres réussissent à évoquer un esprit rétro, à grand renfort de refrains bien sentis ("PRETZELBODYLOGIC"). Pourtant, l’album peine à se constituer une identité unique, vers laquelle l’oreille serait en permanence attirée et accuse régulièrement d’une perte de vitesse d’un titre à l’autre.
A l’inverse, Art Official Age s’ancre bien plus aisément dans son époque, tout en capitalisant sur l’effet Prince : un groove inlassable et intemporel. Il suffit d’entendre le titre éponyme "Art Official Age" pour se persuader que l’artiste à garder les oreilles grandes ouvertes. Si le titre, comme une grande partie de l’album, travaille son funk groovy désormais légendaire, il ne sera pas rare d’entendre des étalages clairement électro ou des dérapages rock ("FunkNRoll" pour être plus précis).
Textuellement, l’homme reste égal à lui-même, entre balade enfiévrée ("Breakfast Can Wait"), jeux de mots mal définis ("Art Official Age / Artificial (C) age") et histoire tarabiscotée ("Affirmation I, II & III"), mais échoue à offrir à l’opus une forme consistante.
En effet, Art Official Cage se retrouve écartelé entre le Prince classique et celui qui tente, parfois avec succès, d’être contemporain. Mais voilà, à vouloir trop bien faire, l’artiste pêche par excès et trébuche sur son propre pastiche.
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