Quantic, le soleil britannique
Cette édition de Marsatac ne manque pas de soleil, il fait beau, l’été indien s’installe gentiment sur la friche. Assis à la terrasse au-dessus du skate park, nous sirotons des bières, nous discutons : c’est le sud. En contrebas, les skateurs en herbe s’exercent à de multiples figures ponctuées de claquements, résultat des planches qui tombent, qui s’entrechoquent.
Un sympathique garçon est conduit jusqu’à nous, il nous salue, s’attable et boit comme nous une petite mousse. Les yeux sombres, le front bas, il est souriant sous sa barbe, il est drôle comme tout, il nous raconte ses voyages, son parcours, ses rencontres. Il parle de l’Amérique du sud, il parle de la danse, de la bonne humeur des gens malgré la précarité parfois.
Dans ses yeux mille feux quand il parle, pas de doute ce garçon est un passionné, on oublie les bruits autour, on part avec lui au Pérou, en Argentine, en Bolivie ou encore au Brésil. Quand il parle, il a le même effet sur nous que sa musique : il nous embarque, loin. Ce garçon, c’est William, ce garçon, c’est Quantic et voici à peu près, au mieux, ce qu’il nous a confié sur sa musique. Rencontre sous un olivier, ou presque.
D’où viens-tu, William (de son vrai nom) ?
Quantic : Je viens d’une toute petite ville en Angleterre, Worcester. Très perdue, très petite.
Pour un anglais, tu fais plutôt de la musique pleine de soleil, c’est atypique ?
Quantic : Je crois que les anglais cherchent par tous les moyens d’oublier la grisaille ! J’ai toujours aimé faire de la musique proche du jazz et de la soul, cela m’a conduit à la musique noire, puis latine. Quand je fais de la musique, ça représente souvent mon humeur. Quand j’étais adolescent, je faisais de la musique "dark". J’ai encore ce genre d’humeur, mais ça ne correspond plus à moi. Mon travail en tant que DJ est de faire danser les gens. Faire un album, c’est plutôt une démarche d’introspection, je pourrai revenir aux choses dark, mais je veux voir les gens sourire, danser. Véhiculer une autre énergie.
Ton album a donc une forte ascendance "latino", tu as beaucoup voyagé, la musique, cet album en est l’héritage ?
Quantic : J’ai vécu en Colombie pendant 7 ans, j’ai reçu une grosse influence latino, manifestement, c’était évident de continuer à voyager plus au sud, Bogotta, Rio, l’Argentine… Ma musique ne s’inscrit pas dans la "world musique", je n’aime pas dire ça, car elle est plutôt le résultat du métissage, des couleurs, des saveurs aussi.
Tu veux faire danser les gens : et ça marche ! Mais c’est très différent de la house music, les gens dansent ensemble, en couple. Ça te paraît plus évident ?
Quantic : Mais oui, c’est ça, on danse ensemble, des corps dansent ensemble. Mais c’est aussi difficile de faire danser et de rester original ! Le but est de changer et d’embarquer les gens en voyage. En cela, ma musique se sert de l’expérience techno. L’électro est une invitation au voyage, alors quand tu la mélanges au latino, c’est gagné !
Quel message dans ta musique alors ?
Quantic : Pour moi, le plus souvent c’est l’histoire, dans les notes, les paroles, mais moi je veux donner un message collectif : la sensation ! Donner dans le sensuel !
C'est la première fois que tu viens en France ?
Quantic : Non, je suis venu plusieurs fois mais avec d’autres projets, j’ai été à Lyon il y a quelques jours. Mais j’aime beaucoup la France ! La chartreuse, le fromage… Et le public parce que pour être honnête, les français nous font toujours un accueil chaleureux.
Si le disque offre une écoute très agréable et chaleureuse, le live est vraiment une fête à la hauteur d’un bal universel, où chacun danse et sourit ! Quantic, c’est vraiment cette expérience, il faut le vivre pour voyager.
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