Dans le cadre du programme de relecture des grands fonds monographiques du Musée National d'Art moderne, le Centre Pompidou propose avec l'exposition "Rythmes sans fin" un focus sur la décennie 1920-1930 qui constitue une période charnière dans l'oeuvre de Robert Delaunay, pionnier de l'abstraction et précurseur de l'art cinétique
Conçue sous le commissariat de Angela Lange, conservatrice au Musée National d'Art moderne, elle illustre la transition radicale intervenue, simultanément au plan conceptuel et formel, avec l'ancrage définitif dans l'abstraction et l'abandon de la toile pour investir l'espace architectural.
De la toile au mur, l'abstraction monumentale de Robert Delaunay
Au cours de cette période, après les oeuvres de facture néo-impressionniste dans la veine du divisonnisme des premières années ("Autoportrait", "Paysage au disque", "Ville de Paris"), Robert Delaunay navigue entre la figuration stylisée, l'orphisme et l'abstraction tout en théorisant sur la peinture pure et développant le simultanéisme pictural avec son épouse Sonia Delaunay.
Après les Formes circulaires et les Disques des années 1912-1913, la série "Tour Eiffel" des années 1920 renoue avec une veine plus figurative et "Le manège des cochons", qui traite du motif de la foire populaire, agrège quelques formes figuratives dans l'enroulement de cercles polychromes qui traduit le mouvement giratoire du carrousel.
1930 voit le retour à l'orphisme avec la série "Rythmes" qui assemble les disques colorés en modules circulaire.Le choix de l'abstraction est désormais scellé.
Sont présentés l'emblématique "Rythme, Joie de vivre", "Rythme sans fin" et "Rythme n°1" avec les séries "Reliefs" et "Mosaïques" avec lesquelles le peintre explore un nouveau médium et use des techniques des arts décoratifs.
En pleine querelle du réalisme et de l'art élitiste et individualiste, il va abandonner la toile pour les grandes surfaces tel le mur considéré comme un symbole démocratique s'inscrivant dans un projet d'art social exploré par l’association artistique L’Art mural à laquelle il va adhérer.
Sa première oeuvre "monumentale" est réalisée en 1937 pour l’Exposition Internationale de 1937 pour laquelle il est chargé de l'aménagement intérieur du Palais des Chemins de Fer et du Palais de l’Air.
Dans le cabinet d'art graphique du Centre Pompidou, sont présentées les études préparatoires, les maquettes et un diaporama de photographies documentaires inédites qui donnent la mesure du travail novateur qu'il a réalisé avec Sonia Delaunay et l'architecte Félix Aublet pour élaborer une véritable scénographie colorée et lumineuse célébrant le nouvel âge des transports.
A noter que cette exposition se tient en prallèle avec la rétrospective du Musée d'Art moderne de la ville de Paris consacrée à Sonia Delaunay. |