Si vous n'avez qu’un album à acheter et / ou à offrir cette année, si vous aimez les chanteuses avec du caractère (je pense à PJ Harvey, Kim Gordon, Chan Marshall ou bien encore Joan Wasser), si vous aimez la mélancolie, les voix avec un grain bien reconnaissable, si vous aimez découvrir une artiste qui ne demande qu’à être découverte, vous devez de toute urgence vous procurer ce superbe, ce magnifique troisième et nouvel album de la rennaise d’adoption Laetitia Shériff ! Quelle claque ! Oh bien sûr, les textes ne sont pas joyeux-joyeux, ce n’est pas la totale éclate mais qu’est-ce que c’est beau, touchant, émouvant ! On sent qu’elle a vécu des choses terribles et que son exutoire, c’est sa musique, ses paroles.
L’ouverture toute en douceur sur "Fellow", accompagnée par le violon de Carla Pallone (Mansfield.TYA) donne la chair de poule, par son petit brin de voix chaud, tout en rondeur et sensualité. Une parfaite entrée en matière. Sur "The Living Dead", la musique se fait plus rêche, le chant plus direct : on ne cherche pas à séduire, on va droit au but, on parle des petites gens qui vont au turbin tous les jours, sans broncher, en subissant un travail qui ne leur convient pas forcément. Cette chanson a inspiré la jeune réalisatrice Marie Larrivé, qui a proposé à Laetitia un premier clip exalté, tout en motion-picture (ndlr : image par image à la manière de Wallace & Gromit ou L’étrange Noël de Monsieur Jack de Tim Burton). Côté musical, c'est guitare électrique aux riffs acérés, rythmes des fûts tribaux (tenus par Nicolas Courret du groupe Eiffel), puis claviers fantomatiques ! Une belle réussite, entêtant à souhait !
Le plus tourmenté des titres de cet album est l’incroyable "To Be Strong", six minutes trente, qui commence en bas d’une pente, calme et douce "Be strong, you’re not alone, Be strong, you’re not alone, can’t you realise all the things you’ve done, done, done", puis à trois minutes quatorze, la tempête arrive, insidieuse, violente. Les musiciens, à l’unisson, soutiennent leur Shériff pour éviter qu’elle ne tombe ! On sent l’intensité monter, les larmes couler sur les joues, les doigts se blesser sur les cordes, c’est d’une intense beauté !
Après cette chanson forte en émotions, on revient à une météo un peu plus clémente avec "Friendly Birds". Enfin, ce n'est qu'une façon de parler, car si les guitares tournoient et la voix semble un peu plus légère, demeurent encore quelques embruns du cyclone passé. D’ailleurs, sur "A Beautiful Rage II", elle l’exprime pleinement, sa belle rage, une rage nécessaire pour repartir sur de nouvelles bases, avancer ! Ici les mots sont susurrés, les syllabes distinctes des "such a sight" sensuels, des papillons dans les yeux. On repart ensuite dans une trombe de guitares, la chanson la plus punk et directe, "Wash", qui nettoie tout sur son passage mais dans les larsens et avec une voix sans assouplissant !
Que de temps a passé depuis ce premier album - Codification - paru en 2004 et ce Pandemonium ! Je n’arrive pas à exprimer tout ce que j’ai envie de dire sur ce disque mais il est certain que cet album est un classique, un grand disque, d’une artiste hors norme qui, petit à petit, trace son chemin, poursuit ses idées. Un album intemporel et personnel mais dont l’histoire peut parler à tout un chacun ! Merci pour toutes ces émotions !
Actuellement en tournée dans toute la France et notamment à Paris le 17 décembre au Nouveau Casino avec Bikini Machine.
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