Fable musicale écrite par Daphné Tesson, mise en scène de Philippe Fenwick, avec Delphine Biard, Sophie Carrier et François Genty.
Daphné Tesson a composé une fable musicale dédiée aux enfants, qui ravira également les adultes sensibles à la poésie et au merveilleux métaphorique, qui sort incontestablement du lot des spectacles dits "jeune public" souvent caractérisés par l'infantilisme et la lénifiance du propos auxquels s'ajoute l'indigence textuelle.
Intitulée "On a perdu la lune !", elle constitue une jolie variation littéraire et poétique autour de la mythologie et de la symbolique de l'astre lunaire associée à un ancrage dans le réel du monde contemporain quant aux dérives de la médiatisation et de la téléréalité, abordées avec acuité et pertinence, avec des dialogues qui hybrident humour et émotion, et, comme toute fable, une réflexion sur la condition humaine et une morale au sens d'enseignement.
En admiration et en amour pour la Lune qui illumine ses nuits comme un réconfortant substitut maternel, un garçonnet mélancolique prénommé Polochon constate un soir qu'elle a disparu. Et la voici à ses côtés, personnifiée en jeune femme en robe à paillettes.
Car Madame la Lune s'ennuie dans le ciel, fut-il étoilé, lassée de son statut d'astre inaccessible et de son rôle de muse des poètes. En quête d'épanouissement personnel, elle veut vivre pour elle et, fascinée par les mirages terriens de la société du spectacle, elle rêve de réaliser sa vocation de chanteuse et devenir une star adulée du monde entier.
Faisant preuve de lucidité et d'intelligence, Polochon tente de la faire renoncer à un projet qui bouleverserait l'ordre du monde tout en lui démontrant la vacuité de sa quête d'autant qu'elle est déjà au faîte de la gloire.
La Lune est obstinée mais le gamin trouvera une aide inattendue avec le verdict sans appel de l'impresario Neil Armstrong, car elle chante comme une casserole, et l'intervention d'un Pierrot en jogging blanc et walkman qui n'est autre que le fils de la Lune et du Soleil.
Avec une grande économie de moyens, quelques accessoires et beaucoup de créativité, quelques branches pour la forêt ou de vieux vinyls combinés en mobile pour illustrer le studio d'enregistrement, suffisent à Sabine Schlemmer pour concevoir une scénographie ludique et Philippe Fenwick, évitant tant la mièvrerie que le gagesque, met en scène de manière sobre et joviale la partition ponctuée de délicieux couplets
Sophie Carrier est la dame Lune fantasque qui a un petit coup de blues et Delphine Biard, sans modifier le timbre de sa voix pour "faire" l'enfant, campe avec justesse le petit garçon.
rbitre de leurs controverses, interprétant les autres rôles qui le gratifient de savoureux costumes et armé de son air pince-sans-rire, François Genty apporte la touche décalée et comique à ce spectacle original et enthousiasmant. |