Alister, chanteur, auteur, compositeur mais aussi journaliste notamment pour la merveilleuse revue des vieux de 27 à 87 ans, Schnock, capillairement parlant incorrect, spécialiste des chansons de parisiens autocentrés, oui je sais c’est un pléonasme, relatant une certaine vie faite de soirées, de sexe, de taxi à quatre heures du matin entre Bastille et le huitième, d’alcool, de "Fille à problèmes", d’ex, de femmes parfaites (y paraît qu’elles existent), d’amours trop compliquées, de désordres amoureux et d’appartement, de problèmes existentiels à base de "Qu’est-ce qu’on va faire de toi ?", ta gueule et reprends un whisky, de mecs et de filles et de tout ce qui est très parisien. Bref, c’est un peu comme si Nicolas Rey faisait des disques, ou si Vincent Delerm buvait en fumant de la drogue, attention la drogue c’est mal ne le faites pas chez vous.
Mais heureusement, Alister n’est pas qu’un poncif fantasmé de jeunes gens modernes, c’est surtout un très bon parolier, un très bon compositeur et aussi un homme cultivé, et ça s’entend dans sa musique, il redonne – Attention Alerte Cliché ! – ses lettres de noblesse à la Variété Française, un mélange entre "Le Beau Bizarre" de Christophe, "Le Chasseur" de Michel Delpech, les textes de Jacques Duvall et la pose de Jacno. On retrouve d’ailleurs souvent dans sa musique les ingrédients de la variété française des années soixante-dix : la mise en avant du piano et de la basse assez typique, les breaks de batterie... Tout ça va très bien avec sa voix et son style de dandy trash, le détachement, la nonchalance de son chant, on a toujours l’impression qu’il chante avec la clope au bec, d’ailleurs je ne suis pas certain du tout que ce soit une impression, attention fumer tue, ne fumez pas.
En prévision de son troisième album à paraître au printemps prochain, en deux mille quinze donc, sort le EP Avant / Après composé de trois titres simplement parfaits, on y retrouve tout le talent d’Alister pour les mélodies obsédantes et les chansons légères ou graves suivant l’interprétation que vous en ferez. Il réussit à mélanger des basses groovy avec des pianos polnareffiens, des refrains obsédants et aussi à répondre enfin à la question "mais où était-il passé ?". Avant / Après est un parfait concentré de ce que sait faire Alister, une ode au changement dans la continuité, un digest de son travail parce que tout change et donc tout est pareil. Attention l’écoute de ce EP est fortement addictif et il est donc fortement conseillé.
PS : Si vous êtes un peu lassé de cet EP, ce qui peut être normal après deux cent trente écoutes en boucle, écoutez du même Alister "La Fonte des Glaces" et "Désordre" et enfin vous aurez la réponse à la question "C’est quoi une "grande" chanson ?". Attention, il y a de fortes chances que votre vie soit changée à jamais en découvrant ces deux morceaux, la rédaction de Froggy’s Delight décline toute responsabilité quant aux conséquences directes ou indirectes qui pourraient en résulter.
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