Découvert, entre autre, en première partie de Crystal Castle lors de leur date parisienne à l’Olympia, Mount Analogue avait frappé l’imagination avec l’exécution d’un set de haute-volée. Alliant onirisme et électronique, le duo formé d’Alexander Van Pelt et de Ben Lupus affichent sans détour l’inspiration qu’ils retirent à la fois du livre inachevé de René Daumal, Le Mont Analogue et de la culture japonaise. En effet, les deux musiciens n’apparaissent que grimé sous des masques NÔ japonais, leur offrant l’apparence d’Oni (des démons issues de la culture japonaise), ou de têtes effrayantes dansant dans les airs.
Avec cet EP, intitulé Yama (montagne en japonais), le duo signe un trois titres faisant office d’introduction à leur électronique aux accents de jeux vidéo et aux développements empiriques. Déjà avec le titre "Gengis Khan" et son cover art piochant dans l’imagerie d’un Seiken Densetsu 3, on devinait que Mount Analogue allait justement s’établir avec des sons issus des plateformes de jeu.
Du coup, Yama s’ouvre sur son titre éponyme, une longue ascension en puissance des versants de Mount Analogue durant laquelle on rencontre des sons 8-bits s’offrant en parade nuptiale avant de s’interrompre par intermittence pour laisser entendre l’épanchement de la pluie. Autant dire que cette expédition, cette longue escalade qui dure plus de 10 minutes, prend le temps de mettre en jeu toutes ses cartes avant d’offrir aux oreilles des mouvements plus revêches.
La B-side "Spécimen Transparent" fait, quant à elle, le pari d’une électro plus fantasque, grâce à des développements épiques et des batteries qui ne sont pas sans rappeler une marche militaire. Plus exotique, "Hikikomori" superpose les époques avec nonchalance, alors que les claps et autres "cut" vocaux impriment un rythme en dilettante, hésitant entre l’apaisement et l’énervement.
C’est d’ailleurs le credo du duo, un son qui semble comme pris hors du temps et évoluant sur le fil du rasoir. Menaçant, exultant et impossible à saisir complètement ce Yama, troisième EP du duo s’impose d’ores et déjà comme la pièce maiîresse de leur discographie.
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