Si Hookworms a dès 2011 réussit à se ménager une place de choix dans le paysage musical britannique, les 5 membres du groupe s'effacent volontiers face à l'espace nécessaire à leur création. Se dissimulant derrière des acronymes ou des initiales, le groupe a fait l'expérience d'un succès fulgurant avec Pearl Mystic. Et si The Hum ne trahit aucunement l'esprit de son prédécesseur, reprenant largement les ingrédients qui l’ont canonisé, ce second opus met en avant une dextérité issue d’une nouvelle maturité. Qu’importe si les membres font preuve d’une discrétion à toute épreuve (quasi maladive) car derrière leurs instruments, ils transcendent largement leurs états d’âme.
Depuis la profonde dépression qui transpirait sur Pearl Mystic, MJ voix du groupe, semble prendre un virage nerveux, à fleur de peau, bien plus apte à restituer toute une nouvelle palette d’émotions. Et si on parle encore ici et là de dépression ("On Leaving"), on sent bien que le groupe s’affaire à d’autres sujets.
Musicalement, le moteur du premier album est supplanté par une sérieuse dose d’énergie. Si chaque titre vient chatouiller les oreilles en dépassant largement le format radio de 4 minutes, c’est que Hookworms s’improvise une dynamique musicale taillée pour la scène. Ne serait-ce sans la qualité des productions, matures et maîtrisées, on jurait entendre un album live.
A d’autres moments pourtant, l’opus s’offre une lecture liant chacun des 9 titres ensemble. Comme s’ils étaient cousus d’une seule et unique pièce, surpiquée de variations noise et psychés. "iv" , "v" et "vi" deviendraient alors des interludes typiques à un concert, sorte de pause bien méritée pour les musiciens et transitions bien senties pour l’auditoire.
Quoi qu’il en soit, The Hum est de ces albums à la résilience surprenante : qu’importe les interludes instrumentaux échevelés ("Radio Tokyo") ou les refrains – presque – pop ("On Leaving"), la bête retombe toujours sur ses pattes et repart de plus belle avec la voix de MJ et les lignes de basses pugnaces et imparables, présentes sur la plupart des titres.
Un album hautement addictif, d’autant plus que l’énergie contenue dans The Hum est clairement communicative, une expérience sonique de haute volée et proprement jubilatoire.
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