Cesson-Sévigné, dans la proche banlieue de Rennes. Cette ville cossue, avec ses villas bourgeoises, sa fac de science et ses industries de pointes accueille ce soir les belges de Girls In Hawaii. Un an à peu près après la sortie d'Everest, le groupe termine sa tournée avec un série de concerts "acoustiques". Hello Strange, sorti il y a à peu près une semaine comprend treize morceaux re-visités du répertoire du groupe bruxellois. Quelques heures avant le concert, Froggy's Delight s'est entretenu avec Brice Vancauwenberghe à propos de la tournée d'Everest et surtout de cette fin de tournée un peu spéciale pour Girls In Hawaii.
Peux-tu nous en dire un peu plus sur ce Hello Strange sorti il y a peu ?
Brice Vancauwenberghe : Après un an et demi de tournée électrique, on commençait tout doucement à s'essouffler. On continuait à faire de chouettes concerts mais avec moins d'intention. On savait qu'on devait encore tourner jusque la fin de l'année et qu'il fallait trouver un manière de relancer la dynamique de groupe. De là est venue l'idée d'un projet plus acoustique. On avait déjà fait des shows acoustiques pour la tournée Plan Your Escape, mais principalement en Belgique, deux ou trois concerts et ça nous avait beaucoup amusés en fait. Donc on s'est dit que c'était l'occasion de se réinventer, d'aller chercher de vieilles chansons dans notre repertoire, une prise de risque, se mettre en danger, jouer d'autres instruments aussi… Donc de là est née l'idée d'une tournée acoustique.
Et de les enregistrer ?
Brice Vancauwenberghe : Les enregistrer en deux live à Louvain-La-Neuve en Belgique. C'est un petit cadeau quelque-part pour les fans… Bon le cadeau est aussi un peu pour nous aussi car c'est une grande plaine de jeu.
Quasiment un an après la sortie de Everest, suite à un hiatus qui avait fait suite à un évènement tragique (ndrl : le décès accidentel du batteur Denis Wielmans), comment avez-vous vécu ce retour ? Comment ont réagi les gens ?
Brice Vancauwenberghe : Assez étrangement, on pensait que les gens nous avait mis un peu de côté, qu'ils nous avaient oublié après autant de temps d'absence. Il y avait pas mal d'appréhension… Déjà nous à la base… On était plus trop sûrs… L'impression de marcher sur des œufs. Comment se positionner par rapport au groupe, par rapport à la musique… Cela a été assez compliqué à la base. Et puis en fait ça c'est très très bien passé. L'accueil a été incroyable… sauf en Allemagne où on nous a fait comprendre qu'on repartait à zéro. Bon comme on a jamais vraiment marché là-bas… On s'y attendait un peu. Dès qu'on a relancé un Facebook, un Twitter, on a reçu un nombre incalculable de messages de soutien. C'était rassurant de voir que les gens contiunaient à nous suivre après autant d'absence.
Etant donné le contexte particulier qui a régné pendant la composition de ce disque, comment fait-on en tournée pour jouer certains morceaux ? Prennent-ils une dimension cathartique ou est-ce compliqué d'aller remuer le passé ?
Brice Vancauwenberghe : C'est très compliqué… Il n'y a pas une manière de vivre la chose. Parfois, tu oublies la base sur laquelle tu as écrit la chanson, tout ce que tu as vécu autour, tu ne le vis pas forcément en tournée. Il y a toujours des morceaux, pendant la tournée, qui vont te rappeler certaines choses.
Comment s'est passée la transition entre vos dates de cet été où vous jouiez principalement dans des festivals et cette tournée forcément plus intimiste ? Est-ce plus facile en festival où les gens viennent plus écouter le groupe par curiosité ? N'y a-t-il pas plus de pression à jouer en acoustique face à des fans plus acquis à votre cause ?
Brice Vancauwenberghe : En festival, il est clair que certaines personnes sont là par hasard, voire que certaines personnes n'aiment pas forcément le groupe, du coup tu te sens obligé de défendre ton truc beaucoup plus que face à tes fans, on sait qu'il y a des gens que l'on doit convaincre. Ce n'est pas toujours évident… mais avec cette tournée acoustique, on découvre aussi un autre réseau de salle, des théatres, où il y a parfois des gens qui sont abonnés, qui vont voir des concerts sans forcément connaître le groupe qui passe. Du coup, c'est également intéressant car il y a beaucoup de gens qui nous découvrent pendant cette tournée acoustique, qui ne nous connaissaient pas. Cela nous permet d'aller accrocher un autre public, de nous faire connaître dans d'autres "milieux". La différence d'amplitude, c'est toujours un peu étrange, surtout qu'il y a des périodes où l'on fait festivals et petites salles et ça se gère complètement différemment, au niveau du son sur scène, de la manière dont on joue notre répertoire. En festival, tu bourres un peu plus dedans, tu pousses le volume, tu choisis les morceaux les plus efficaces. Mais on aime bien les deux, même si ce sont deux choses complètement différentes.
Tu parlais de la nécessité de cette tournée acoustique pour "changer un peu d'air", essayer d'autres choses. On avait senti sur Everest que les guitares étaient un peu plus en retrait. C'est une sorte de continuité en quelque sorte ?
Brice Vancauwenberghe : Oui, et puis il y a deux nouveaux musiciens dans le groupe, François aux claviers et Boris à la batterie, mais ce qui a contribué à une certaine fatigue en cette fin de tournée, c'est que cela fait deux ans que nous préparons Everest et le retour du groupe. Avant la sortie d'Everest on a déjà passé deux années pas évidentes. On a beaucoup bossé, on a essayé… Arrêté… On était déjà à plat, physiquement et moralement. On avait besoin de voir autre chose.
Cela impliquait quoi sur le choix des morceaux à transposer en acoustique et au niveau des membres du groupes en tant que musicien ?
Brice Vancauwenberghe : Le but de cette tournée acoustique est de jouer des instruments dont on ne sait pas forcément jouer. Le vibraphone, ça a l'air simple comme ça, mais tu te retrouves comme un gamin qui débute, il faut apprendre toute une nouvelle palette de sons. Pour nous c'est juste génial, ça te fait redescendre sur terre, ça te rend humble. Mais c'était le but aussi, de se mettre en danger, et aussi la composition… Composer à six notamment. Chacun a trouvé sa place. Cela laisse présager de belles choses pour la suite.
Vous comptiez commencer à travailler sur le successeur d'Everest début 2015, c'est toujours le cas ?
Brice Vancauwenberghe : On aimerait bien, mais il faut voir comment les choses vont se passer. On va prendre quelques mois de break, retrouver nos familles. Ca sera un peu à l'envie… je sais que Lionel s'est déjà remis à composer, on n'a pas envie de traîner.
Dans quelle mesure cette expérience acoustique va influencer vos prochains morceaux ?
Brice Vancauwenberghe : On aimerait revenir à quelque chose d'un peu plus "minimaliste". Le prochain travail en studio sera vraiment différent. Lionel et Antoine vont sûrement laisser plus de place aux quatre autres musiciens. Là on a forcément découvert Boris et François, qui ont pris une belle place dans le groupe. Je suis vraiment très curieux de voir comment cela va se passer.
Vous comptez incorporer des instruments à vents par exemple ?
Brice Vancauwenberghe : C'est un peu un rêve. Les instruments à vent, on ne les a pas beaucoup utilisés. Cela pourrait être une piste. Des instruments qui sonnent naturellement, que tu n'as pas besoin de brancher dans un ampli, il y a quelque chose de fascinant… Donc pourquoi pas partie vers ce genre de pistes. Pour le moment on ne sait pas trop. On a des envies un peu différentes.
La Belgique est un véritable vivier musical. As-tu été récemment conquis par un ou de groupes en particulier ?
Brice Vancauwenberghe : Il y a deux groupes avec qui nous avons tourné qui nous ont emballé : BRNS et Robbing Millions. Ces derniers sont un peu l'OVNI de la scène belge. C'est assez difficile à décrire…
Vous venez assez souvent à Rennes. Après une résidence à l'Aire Libre, L'Antipode, vous vous produisez en périphérie rennaise. Cet été, vous avez joué aux Vieilles Charrues, il y a quelques semaines vous étiez à Lorient. Vous avez l'air de bien vous plaire en Bretagne.
Brice Vancauwenberghe : Il y a un côté assez proche de la Belgique, le côté festif des bretons, voire un peu turbulent, mais c'est un public génial.
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