"Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?" demandait le grand Jacques.
La France, pays de la puissance du peuple, saignée de taxes et d’impôts pour assouvir les rêves de puissance de lointains monarques. La France, vieux pays de traditions séculaires et intouchables. La France, pays de râleurs. La France, pays de syndicalistes tout-puissants. La France, pays de poètes et d’utopistes. La France et ses grands hommes que l’histoire a magnifiés. Jaurès !
Enseignant, journaliste, critique littéraire, politicien, historien, philosophe, Jaurès grimpe les échelons à force de conviction. Fondateur du quotidien l’Humanité, puis de l’ancêtre du parti socialiste (je me garde ici de faciles comparaisons peu flatteuses entre Jaurès et François H, son supposé héritier), Jaurès reste un idéaliste qui n’a cessé de défendre le monde ouvrier et la laïcité en France. Et nous savons à quel prix.
Jaurès ! Une centaine d’années après sa naissance dans la douleur et dans le sang, la France souffre encore des inégalités sociales. Les ouvriers sont esclaves de riches patrons, leurs droits sont remis en cause. Il faut se soulever contre cette exploitation, surtout ne pas revenir en arrière, et l’Histoire prouve que les changements se font dans la douleur. Soit, Jaurès propose une révolution démocratique.
Charismatique et idéaliste, peut-être un peu naïf même. Quelques bedaines en Rolex se partagent le gâteau depuis la nuit des temps. Ils vendent du rêve aux opprimés, oubliés dès qu’ils accèdent au trône, avant de rejeter leurs bassesses sur la tête de leur supérieur. Rien n’a changé depuis le Moyen Age finalement. Et c’est là que la différence se creuse : d’un côté les blasés, de l’autre les combattants. Jaurès en est. Son parti également.
Dès 1894, Dreyfus-Dantès fut utilisé comme bouc émissaire et divisa le pays en deux, faisant pousser la graine du socialisme dans les esprits convaincus de l’innocence du capitaine, les autres ne comprirent certainement pas immédiatement la dimension de l’affaire. Quand la droite cléricale mène une offensive contre les instituteurs, Jaurès prend fermement position, ce que sont incapables de faire les lécheurs de bottes que sont les politiciens de notre siècle.
Même si nous devons pas oublier qui sont nos vrais oppresseurs, demandons-nous ce que nous ferions à leur place ET avec leurs moyens. La France, le pays des jugements et de la critique facile.
La France a besoin d’un Jaurès, tu ne veux pas revenir, tel un magnifique Dantès, pour secouer un peu ton pays ? Les enseignants sont montrés du doigt, les rues sont pleines de honte, l’humanité sombre dans l’oubli… Non, nous ne sommes pas perdus, tant que nous nous souvenons : Gandhi, Bhutto, Martin Luther King, Neruda, Lorca, Jaurès… L’espoir est permis, encore faudrait-il que nous soyons suffisamment courageux pour lancer le premier coup de pioche à nos vies résignées.
Des accordéons envoyant valser les mélodies, des percussions marchant vers l’Humanité, Les Grandes Bouches nous offrent Jaurès ! Le Bal Républicain. Pour tout ça, ne pas oublier, se souvenir que ça a été pire, mais que nous pouvons continuer la lutte. Et réussir. Solidaritairement vôtre, les destins liés vers un meilleur avenir. Ne soyons pas des moutons.
Un disque, 11 titres, un livre, des dessins d’Ernest Pignon-Ernest, des textes de Francis Ricard portés par la profonde voix de Philippe Dutheil, un beau moment de chanson engagée contre l’absolu, envers et contre les embruns, surtout contre le brin d’ailleurs. Un album de passionnés, ennemis de la fatalité et des coups bas qui vont avec. De quoi finir de vous convaincre de sortir de votre petite vie meublée d’écrans et de chanter avec un bonnet phrygien, une cocarde (et le cocard de la table basse, à vendre d’ailleurs). De l’énergie communicative et des envies de soulever de montagnes.
Salariés ! Résistez ! La mondialisation ne vous prendra pas ! "Seul compte le premier coup de pioche pour faire jaillir le puits."
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