Plutôt que de chercher à savoir quel est le meilleur disque de l’année, de la décennie, de la semaine, de l’heure, profitons plutôt de ce mois de décembre pour se pencher sur des disques qui vous ont peut-être échappés cette année.
Episode Un : La Menace De l’Espoir.
Sabina sortait en début… Bon, je m’arrête tout de suite, j’entends que ça ricane au fond, je vais donc faire la blague que tout le monde m’a fait lorsque je parlais de ce disque, et que vous brûler d’envie de faire également dans les commentaires (et heureusement qu’il n’y en a pas), comme ça on n’en parle plus, attention : "Ah oui, Sabina, celle qui chantait "Boys, Boys, Boys" et qui en avait gros sur le cœur, si tu vois ce que je veux dire". Oui, je vois très bien ce que tu veux dire petit coquin, puisque sans doute pris d’une crise d’originalité folle, tout le monde m’a dit la même chose. C’est SaBIna et non, ça ne manque pas d’air (jeu de mot honteux). Je disais donc, avant d’être pitoyablement interrompu par un de mes moi-même, que Sabina sortait en début d’année un album nommé Toujours, et qu’il serait dommage de passer à côté.
Sabina Sciubba, ancienne chanteuse des Brazilian Girls (1), mais aussi actrice, artiste, née en 1975 en Italie d’une mère allemande et d’un père Italien, ayant vécu en Italie, en Allemagne, en France et aux States of America. Je n’ai pas pour habitude de me pencher sur la biographie des chanteuses, même s’il y a des chanteuses sur lesquelles j’aimerai me pencher, mais la vie de Sabina permet de mieux comprendre et de mieux appréhender son premier album. Toujours, un disque au nom français avec des textes qui mélangent anglais (pour la plupart) français, allemand et italien. Les langues se mêlent, se succèdent, parfois dans la même phrase, être avec Sabina, c’est se préparer au voyage, elle se décrit en "Sailor’s Daugter", la fille d’un marin, c’est plutôt elle qui ressemble à un marin, just like "Tabarly", nous proposant un voyage entre le soleil et la neige, cherchant l’amour dans chaque port, obligée à se résoudre à pratiquer le pire amour, l’amour à distance ("Long Distance Love") entre New-York et Paris planquée derrière un ordinateur, mais l’amour est rare, il faut le protéger et en profiter. Et au final, comme beaucoup de voyageurs, ne souhaiter qu’une seule chose, rentrer à la maison ("Going Home"), pas pour le confort mais simplement pour le plaisir de rentrer chez soi, pour retrouver l’autre, la maison n’est pas là où on habite mais là où est son cœur.
Musicalement, l’inspiration est à chercher du côté de New York, Sabina est velvetienne en diable, une douce PJ Harvey, la petite fille de Nico, c’est principalement dû à la douceur de la voix, d’ailleurs tout est doux, lipide, clair, transparent mais pas invisible ou insignifiant. Elle mêle astucieusement un peu d’effet, un peu d’électronique dans cette pop plutôt acoustique et traditionnelle, réussissant à la fois des balades et des morceaux plus bruts, plus rythmés ("I Won’t Let You Break Me"). Avec un sens de la mélodie rare, Sabina apporte du soleil dans vos oreilles et dans vos cœurs, à la fin de ces douze petites merveilles, il est difficile de ne pas tomber amoureux de ce disque comme il est difficile de résister à la tentation de lui glisser doucement à l’oreille "Viva l’Amour !".
Et pour finir, comme me le disait un ami en voyant la pochette alors que j’essayais de le convaincre d’écouter ce Toujours : "et puis à poil sur un âne c'est moins vulgaire qu'à moitié à poil dans une piscine". Effectivement, c’est aussi un bon argument...
(1) - Cadeau de Noël : Pour épater vos amis durant un réveillon un peu ennuyeux, n’hésitez pas à prendre la parole et à lâcher : "Saviez-vous que le groupe Brazilian Girls n’était composé que d’une seule fille et qu’il était de New York, d’ailleurs Of Montreal est d’Athens en Géorgie aux États-Unis et I’m From Barcelona de Jönköping en Suède ? Incroyable, non ?" Et hop ! Encore une soirée de sauvée grâce à votre érudition musicale et un peu à moi. Ne me remerciez pas, ça me fait plaisir, c’est ça l’esprit de Noël !
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