Drame de William Shakespeare, mis en scène de Ariane Mnouchkine, avec la Troupe du Théâtre du Soleil.
Le public n'est pas encore installé que l'accueille un vacarme assourdissant d'explosions en tous genres, bientôt soutenu par la géniale partition de Jean-Jacques Lemêtre (interprétée par Ya-Hui-Liang, jeune musicienne taïwanaise - très concentrée).
Le rideau tombe bientôt sur une scène de panique, on court en tout sens sur la lande écossaise. "Macbeth" version Ariane Mnouchkine démarre dans la fureur et dans le bruit. On est tout de suite dans le vif du sujet pour suivre l'histoire qu'on connaît : la lente ascension de Macbeth et sa descente aux enfers.
Comme chaque création du Théâtre du Soleil, dont ce Macbeth célèbre la cinquantième année d'existence, la mise en scène est ce qui se fait de mieux et a inspiré nombre de metteurs en scène actuels. Chaque nouvelle scène émerveille et étonne tant les décors paraissent multiples.
Il s'agit essentiellement du savoir-faire que prodiguent comédiens et accessoiristes car c'est finalement bien ça et non pas une production des plus coûteuses qui changent d'aspect en un rien de temps le plateau et crée des tableaux impressionnants. Les changements à vue exécutés avec une dextérité et une vitesse impressionnantes sont comme à l'habitude des modèles du genre.
C'est avant tout cela qu'on retiendra de ce spectacle, en plus de la magnificence des costumes : cette mise en scène d'une limpide fluidité qui fait passer à toute vitesse un spectacle de plus de trois heures.
Sur la pièce, actualisée et mettant l'accent sur le règne de l'image, on sera plus partagé : une version flamboyante et saignante à souhait, avec cependant des scènes inégales qui ne permettent pas au spectacle de décoller, ni au propos d'être complétement compris par ceux qui ne connaissent pas au préalable l'intrigue de ce drame shakespearien.
Mais on passera un bon moment, admirant notamment la composition exceptionnelle de Serge Nicolaï en Macbeth, bluffant de puissance et de rouerie ou de Nirupama Nityanandan, fascinante en Lady Macbeth.
On gardera en mémoire ces scènes de groupes comme des tableaux de Maîtres (il n'est pas courant de plus, de nos jours, de voir quarante comédiens sur scène) et ce collectif d'exception, bien parti pour cinquante nouvelles années d'émerveillement des spectateurs. |