Comédie dramatique de Hugues Leforestier, mise en scène par Anne Bourgeois, avec Nathalie Mann et Hugues Leforestier.
Lui est l'un des plus grand patron du CAC 40, habitué aux pouvoirs et à la pression, elle, une simple commissaire de la brigade financière revenue de tout, avec un dossier en béton et un sens aigu de la justice.
Elle a 48 heures de garde à vue pour lui faire avouer l'inavouable : corruption, évasion fiscale, rétro-commissions. Elle joue sa carrière. Il risque la prison. Qui ment ? Qui a a raison ? Qui cédera le premier ?
Première pièce de Hugues Leforestier, homme aux multiples casquettes, auteur, comédien, ex-directeur du Caveau de la République mais également ancien directeur financier, "Brigade financière" tient tout autant du huit clos psychologique à suspense sur fond de scandale politico-financier que du débat sociétal où deux visions bien tranchées du monde s'affronteraient.
Bien documentée et extrêmement crédible, cette garde à vue nous plonge dans les coulisses du pouvoir et de la justice tout en en questionnant sans manichéisme les valeurs et bien-fondés.
Mais dans ce duel où les mots sont des armes bien plus meurtrières que les poings, ce sont surtout deux adversaires de forces égales, chacun sûr de son bon droit, qui s'affrontent, se jaugent et finalement se respectent pour ce qu'ils sont : un homme et une femme qui aiment ce qu'ils font et se battent pour ceux à quoi ils croient.
Hugues Leforestier manie la rhétorique et la tension psychologique avec talent tout en nous servant, chose délicate au vu du sujet, une comédie empreinte d'humanité. Il endosse d'ailleurs avec tout autant de brio le rôle principale au côté de Nathalie Mann, lumineuse et charismatique dans l'incarnation d'une personnalité faites d'ombres et de lumières et maniant le cynisme avec art.
La mise en scène d'Anne Bourgeois, précise, donne du rythme et du corps à un texte qui a besoin de vivre en dehors de ses idées et emmène le spectateur, au début mal à l'aise, puis très vite au fait de la petite musique qu'elle a su créer, vers un dénouement qui laisse la porte ouverte à toutes les interprétations.
Une réussite, tant sur le fond que sur la forme et qui donnera certainement lieu à de vifs débats d'après-spectacle. |