C'est désormais sous le nom de Diagrams que Sam Genders, ancien membre fondateur de Tunng qu’il a quitté après trois albums, poursuit une carrière solo entamée en 2012 avec un premier disque remarqué Black Light. Moins synthétique et funky que son prédécesseur, Chromatics propose un équilibre remarquable entre sonorités organiques et électroniques. Illustration dès l'entame de ce second disque de Diagrams avec le tiercé gagnant "Phantom Power", "Gentle morning song" et "Desolation" qui met en évidence le haut niveau de composition et d'exigence de Sam Genders, avec des mélodies accrocheuses et des arrangements luxuriants.

L’album va ensuite alterner les titres radieux et percutants avec des morceaux plus tristes et dépouillés ; ces derniers pouvant se révéler moins inventifs, moins convaincants (les presque anodins "Serpent" ou "Just a hair's breadth"). Car ce sont bien la production et l'habillage sonore qui permettent de dévoiler toute la beauté, la justesse et l'évidence des chansons de Sam Genders (la ritournelle robotique de "Dirty broken bliss" ou l'enivrante ballade "You can talk to me").

Rien ne semble laissé au hasard dans ce disque, de la voix aux choix des instruments et des arrangements, les nombreux invités en studio ne parvenant pas à perturber la cohérence de Chromatics, où tout est parfaitement articulé et ordonné. Sans doute car, du propre aveu de Sam Genders, les titres étaient déjà composés avant l'enregistrement. Avec Chromatics, produit par Leo Abrahams et publié sur le label Full Time Hobby qui héberge entre autres Timber Timbre et les ex collègues Tunng, toujours en activité, Diagrams rend donc une copie propre, carrée, sans rature. Disque qui réjouira et comblera tous les amateurs de pop classique par ses compositions ambitieuses et sa production soignée, mais qui laissera un goût d'inachevé à ceux qui cherchent de nouvelles formes musicales, plus aventureuses.