L'Elysée Montmartre s'est parée de gros rideaux sombres ce dimanche soir pour confiner la petite foule venue pour Feeder dans cette trop grande salle. Peu de monde donc mais un noyau de fans ultimes.
La salle paraît bien grande en raison d'un public clairsemé, et la scène paraît bien trop grande pour Double Man, trio de rockeurs "du 20 ème" comme il se présente, qui assure la première partie et qui demande en vain du vacarme.
Les morceaux courts, qui viennent de nulle part et ne vont nulle part, reçoivent un accueil modeste.
Ce qui ne les dissuade pas de finir sur une reprise des Doors ! Et oui, il n'est pas interdit de rêver.
Actuellement au milieu d'une grande tournée européenne, Feeder ne se produisait qu'une seule fois en France, ce dimanche 13 mars 2005 à Paris à l'Élysée Montmartre. Un public hétérogène parmi lequel de nombreux fans anglo-saxons les attendent de pieds fermes et on aperçoit même Ray Cokes.
Feeder c'est du rock anglais pur souche, presque classique, voir académique.
Un chanteur un peu minet tendance anémique mais sympathique, un guitariste discret qui restera une grande partie du concert dans la pénombre, loin des lumières des projecteurs, Mark Richardson, le batteur à qui incombe la difficile tâche de prendre la place de Jon Lee, suicidé en 2002. Mais finalement le phénomène scénique du groupe c'est Taka Hirose, le batteur japonais.
Une énergie formidable insufflée à sa basse autant qu'aux spectateurs, il saute et court dans tous les sens, chantant accessoirement, et haranguant la foule et le batteur !
Un plaisir à lui tout seul, tandis que plus discret, Grant Nicholas sourit presque timidement et fait des petits gestes sympathiques en direction du public.
Timide, il ne l'est plus lorsqu'il s'agit de chanter ses titres de sa voix certes pas inoubliable mais parfaitement posée sur les titres tantôt très rock et parfois très calmes, voire trop calmes donnant à l'Elysée Montmartre des allures de fin de bal.
Pourtant ça commence bien avec "Feeling a Moment" et "Pushing the Senses", les deux titres incontournables du dernier album récemment sorti Pushing the senses, entrecoupé de "Confort in sound" mais cela se ramollit peut être un peu trop pour garder l'attention du public sur "Tender" ou "Frequency", beaux titres sur disque un peu longuet sur scène malgré l'énergie évidente des musiciens.
L'entêtant "Tumble and Fall" souffre lui aussi un peu de cette baisse de régime mais reste néanmoins fédérateur dans la grande lignée anglaise du pop rock doux amer sans pour autant que la foule reprenne les "yeah yeah yeah" en chœurs. Cela étant, dès que le tempo remonte un peu c'est vraiment du tout bon avec un superbe "Pilgrim soul" tonitruant qui arrive comme un déclic au milieu du concert.
Le rock de Feeder n'est certes pas révolutionnaire et frôle parfois la facilité du rock à minettes, mais le groupe mérite bien plus que cela et les trouvailles mélodiques qui font le charme du dernier album n'ont pas à souffrir de leur interprétation sur scène. Moins de bruit, plus de mélodie ! Que demander d'autre quand en plus c'est fait avec une énergie qui fait plaisir à voir. |