Auteur, compositeur de chansons et de musiques de spectacles et de films, interprète, Bertrand Belin vient de réaliser un très beau premier album qui se joue des rythmes et s'apparente à la variété poétique des belles années de la chanson française.
En février, un show case au Studio Acousti, en forme de mise en bouche de 5 titres, confirmait un talent singulier que plus d'uns souhaitaient voir s'exprimer en toute plénitude en concert. Il sont eu peu à attendre puisque Bertrand Belin donnait 3 concerts en cette mi-mars.
En première partie, en solo acoustique arrimé à sa guitare portée haut presque sous le menton, Nicolas Roudier, aux airs de fils de bonne famille, nous distille de petites chansons popisantes décalées d'une voix un peu monocorde.
Ensuite les musiciens, piano (Olivier Daviaud), batterie (Paul Jothy), violoncelle (Pierre Le Bourgeois) et deux violons (Anne Milliaud et Marwenn Kammarti), montent sur scène et s'accordent.
Bertrand Belin, costume un peu tirebouchonné, barbe de deux jours, regard d'ange et allure décontractée demande le la au public. Il enchaîne "Le colosse" et "Madeleine" et c'est parti.
Si l'on retrouve son écriture à la fois dépouillée et précieuse, les arrangements musicaux, sont nettement plus rythmés, entre swing et rock, donnant la mesure de sa maîtrise.
Bertrand Belin, visiblement content d'être sur scène, semble à l'aise ou du moins on perçoit nettement qu'il prend du plaisir, que la scène est son élément.
Il parle au public, galèje sur Brassens disant que la chanson "Le tatouage" sera la seule allusion à ce dernier parce que "elle est tatouage cette chanson" (jeu de mot approximatif avec "Elle est à toi cette chanson").
Les musiciens concentrés mais souriants, attentifs, lancent de fréquents regards vers Bertrand Belin qui, à la guitare dont il connaît tous les arcanes, mène la danse.
Il nous offre aussi quelques chansons en solo avec le piano ("J'en ai passé des nuits"), ou le violoncelle ("Mon frère se fiance demain"), avec un trio violoncelle/batterie/piano ("Lili et Maria"), décline en quasi-instrumental une chanson, embraye sur "Amoureux fou" et "Porto" et les autres titres de son album.
Final avec un invité aussi en la personne d'Acacio Andraçao qui chantera un couplet en portugais.
Ovation. Rappel. Deux chansons et deuxième rappel pour finir avec une chanson où les musiciens, complices, sont réunis autour de lui pour faire les chœurs. Salut final, tous ensemble.
Un univers musical singulier, un verbe poétique et un incontestable charisme sur scène. Trois atouts majeurs. Et un excellent concert qui consacre réellement un nouveau talent si l'on ne craignait pas d'user de ce terme un peu galvaudé en ce moment. Pour rester dans les poncifs, la nouvelle scène française doit se méfier de Bertrand Belin. Comme il nous le dit, un album en 34 ans mais il n'y a que le premier pas qui coûte.
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