On ne l'attendait même plus sur une scène le beau brun qui a bercé notre jeunesse. Le Wedding Present démantelé, les Cinerama en demie teinte, on avait fait inconsciemment une croix sur l'existence artistique de David Gedge.
Et puis un jour, coup de théâtre, un mail de Talitres qui nous informe qu'un album du Wedding arrive bientôt ! Surprise, étonnement, joie ! David se serait il encore fait largué, lui ayant redonné le goût à la vie et à la musique rock ? Est ce la mort de John Peel, fan de toujours du groupe, qui fût le déclencheur ?
Bref, le fait est que ce nouvel album est donc sorti, qu'il est à la hauteur de la réputation du groupe et malgré quelques légères faiblesses fera sans doute partie des albums du Wedding indispensables à tout fan.
Ainsi ce soir à la Maroquinerie, pleine à craquer, il flotte un léger vague à l'âme, une nostalgie et surtout une excitation comme rarement dans une salle parisienne.
Avec un peu de retard, et devant une salle comble, les 3 Guys Never In sont accueilli sobrement par un public qui a la tête ailleurs (comme JP, notre chroniqueur en train d'interviewer David Gedge dans les loges).
Les 3 mecs sont bien là pourtant et dans un line up peu courant (guitares, basse et chant sans batterie) ils saluent timidement d'un "Salut" et ajoute devant un public bien silencieux "On joue pas très longtemps".
Pourtant le pop rock des 3 Guys Never gagne à être connus et si on peut déceler encore quelques hésitations sur scène, et une certaine immobilité, les morceaux découverts sur leur premier album restent prometteurs.
La sobre prestation des 3 jeunes nantais passée, l'excitation du public gagne encore en intensité ... ça gigotte, ça rigole, la tension est dans l'air et remplace avantageusement la fumée de cigarette aujourd'hui interdite à la demande de Gedge lui même grand pourfendeur de fumeurs devant l'éternel.
La scène se met doucement en place de la main de la bassiste assistée d'une roadie et du guitariste. La machine Wedding Present reste artisanale et déjà nous plonge dans l'ambiance d'un succès annoncé.
Lumière noire, arrivée de la bassiste, puis du guitariste et du batteur pour une intro un peu planante, David arrive à son tour, ovation... guitare qui ne marche pas ... Pas grave, souriant, David va trifouiller dans une mallette et change son câble ...La guitare vibre enfin ... le show peut commencer !
Dès lors, plus de répit ni sur scène ni dans la salle, ça pogotte à tout va et David et ses musiciens s'en donnent a coeur joie. Visiblement ravi d'être ici il tente quelques mots de français et quelques plaisanteries, se rappelant sont premier concert à Paris en 1986, s'étonnant lui même de sa bonne forme à son âge ("mais c'est parce que je ne fume pas" nous explique t il).
Tour à tour accroché à son micro, gesticulant ou arcbouté sur sa guitare, David fait des merveilles et déborde d'énergie. Toujours aussi incisif il sait alterner à la perfection le calme et la tempête, transformer quelques unes des plus belles chansons d'amour (ou plutôt de rupture) pop en d'incroyables brulôts punk rock imparables.
Les titres du nouvel album se mêlent parfaitement aux autres classiques du genre tel que "Go Go Dancer" ou "Queen of outer space". Une incroyable unité pour un groupe de 20 ans d'existence !
Captivant, le concert d'une heure trente seulement passe bien vite, les chansons s'enchaînant à un rythme d'enfer. Pourtant plus de 20 chansons nous auront été offerte ce soir là même si fidèle à lui même il annonce qu'il ne font toujours pas de rappel. A quoi bon ? Pas d'artifice avec Gedge et sa bande, c'est tripal, c'est entier et tout le monde ressort avec le sourire ... et David, en sueur se retrouve presque aussitôt sur le stand merchandising saluant et remerciant ses fans. Du beau boulot, une belle attitude ... sans doute un des derniers dinosaures du rock ' n roll comme on l'aime... pourvu qu'il vive vieux... et qu'il tombe encore amoureux !
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