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Interview  (Par mail)  février 2015

Sale Hope est un coup de poing. On aimera sûrement, on détestera tout aussi sûrement. Ce n’est pas anecdotique, c’est viscéral. C’est beau, c’est laid, c’est la vie. Sale Hope, ce sont des antiennes, l’humanité dans toute sa crudité, une musique, non des "chonsons" violentes, intenses, plus proche d’Antonin Artaud que de Morrissey. Jarvis Platini ne chante ni ne parle vraiment. Sa prosodie lui est particulière. Jarvis Platini tire à vue, dans tous les sens et nous, nous n’avons pas de gilet pare-balle…

Qui est Jarvis Platini ?

Père de famille nombreuse, chonteur, amoureux, ancien gardien de but distrait au LOSC, Racaille Liberticide Humaniste Solidaire dans la vraie vie et pourfendeur de la mièvrerie sous toutes ses formes. Premier choc musical : "Ashes to Ashes" de David Bowie.

Jarvis Platini, c'est le underdog qu'on a tous en nous, le type bigleux aux genoux cagneux, dont les abdominaux n'ont jamais poussé et qui, une fois sur le terrain, avec son maillot trop grand, ses frisettes et ses chaussettes baissées, met tout le monde d'accord par sa virtuosité, avant de rentrer au vestiaire en silence pour prendre la douche collective, de dos, avec la peur de se prendre une bite au cirage.

Comment est née l’idée de ce disque ? Comment est née l’idée même de chanter ?

C'est Olivier Libaux, des Objets et de Nouvelle Vague, qui m'a contacté après l'arrêt du blog que je tenais pour la version web des Inrockuptibles... Il désirait savoir si je pouvais écrire des paroles de chansons décalées. Je lui ai envoyé un essai nu, juste la voix, la mélodie (une chanson même pas présente sur Sale Hope) et il m'a encouragé en me disant : "Personne d'autre que toi ne pourra chanter ça".

Puis un soir, même pas ivre, il m'a mis au défi de faire un album a capella. J'ai trouvé son idée audacieuse et excitante. D'ailleurs, l'écriture du second opus, baptisé Dis Pute, est pour ainsi dire terminée et évolue dans une direction un peu plus retorse encore. Et qui sait, peut-être vais-je m'y faire accompagner d'une basse. Ou juste d'une batterie. Ou des deux. Ou de rien du tout. J'adore cette incertitude liée à la création, cette phase de tous les possibles.

Peux-tu nous expliquer le concept de chonson / chonteur ?

Ce sont les chansons d'un conteur. Des histoires, un hommage à la tradition verbale. Des mots qui tiennent à peine debout sur des structures branlantes. Des confidences. Des mélodies douces et minimalistes. En rien mon histoire personnelle. Juste des bouts de vie narrés, en me gardant de tout jugement sur les personnages de fiction qui hantent mes sornettes.

Tu imagines bien que ton Sale Hope est pour le moins abrupt et raide… Quel retour en attends-tu ?

Ce sont deux choses bien distinctes et parfaitement volontaires de ma part qui rendent Sale Hope abrupt et raide :

J'ai capitalisé mes carences techniques comme autant d'atouts et, surtout, j'ai pris un malin plaisir à transcender les codes, à bousculer un peu les habitudes auditives, tout en présentant un univers personnel et cohérent.

Je me souviens de ma première écoute de La Fossette de Dominique A et j'adore penser qu'une ou deux personnes pourraient avoir le même sentiment avec Sale Hope entre les oreilles.

Je trépigne littéralement à imaginer les gens écouter Sale Hope sans savoir au préalable qu'en attendre et a posteriori qu'en penser. Et y revenir. Je ne voulais rien m'interdire, tant dans les mots que sur la forme.

Je suis le conteur, le chonteur, c'est à moi de souffler le chaud et le froid mais pas pour nuire, juste pour faire rire ou pleurer. Ou pour hanter. Pour heurter puis cajoler dans un même élan.

Tu penses que l’humour et les jeux de mots sont les meilleurs moyens de véhiculer des choses très sérieuses ?

J'adore penser aux auditeurs qui vont rire d'une vanne et en avoir honte dès le vers suivant. Il n'y a pas d'humour dans Sale Hope, juste du grotesque, ce qui permet selon moi de rendre mes histoires supportables. C'est plus une affaire de rythme, de respiration intérieure d'ailleurs : l'intelligence est dans le rythme, dans l'équilibre entre l'effroi et la beauté, entre le ridicule et le sublime.

Comment se passe la phase d'écriture ? Tout cela a besoin de sortir de toi ?

L'écriture, les mots, sont mes seules addictions. J'ai en permanence cinquante textes inachevés en tête, qui tournent sans cesse, et qui me réveillent la nuit.

Dans mes chonsons, je superpose mentalement des textes tout frais à des trucs écrits quand j'avais quinze ans, que je mixe avec des expressions, des excrétions qui me plaisent et le tout en général s'impose à moi, surtout dans les moments les plus incongrus d'ailleurs.

Souvent, l'idée de départ me vient d'une tournure de phrase surannée qui m'accroche l'oreille et l'imaginaire. Mais parfois les idées m'assaillent littéralement dans les circonstances les plus étranges. Ainsi "L'autre que moi qui te baise" est née uniquement en entendant le mot "chandail" dans le plus mauvais film depuis la création, à savoir La Môme. Il me FALLAIT placer "chandail" dans un texte, c'est beau "chandail" comme mot.

Le bonheur de voir Marion Cotillard grimée comme le mime Marceau, souffrir en phase terminale dans ce même film, même pour de faux, a fait le reste.

Et pour ce qui est de faire sortir les choses de soi, j'ai plutôt tendance à vouloir purger l'auditeur que moi-même. En tout cas, apparemment, avec Sale Hope, ça fonctionne : j'ai, me dit-on, beaucoup fait pleurer, rire et vomir en même temps.

Tu donnes ton disque parce que tu penses que le vendre c’est du vol ?

Non, j'aime juste faire plaisir et puis en délivrant ainsi mes chansons de tout carcan commercial, j'ai l'impression de donner un petit bonus aux gens, de ne léser personne, de ne nuire à personne, de n'avoir de compte à rendre à personne...

Mon album a coûté 0 euro à produire, 0 euro à distribuer, ce qui me dégage de toute obligation de rentabilité, retour sur investissement bref, tout ce qui transforme les artistes en boutiquiers, avec blouse grise, le crayon derrière l'oreille et la mine triste des travailleurs pauvres.

Et j'ai envie que mes chonsons voyagent, se transmettent sans que personne, moi y compris, n'ait son mot à dire sur qui les écoute et qui en pense quoi... Les gens qui ont récupéré Sale Hope ont fait l'effort de le réclamer : ce sont de courageux volontaires, et je n'allais pas encore leur demander des sous. Ils sont devenus, par le fait, les ambassadeurs de mes chonsons. C'est une preuve de confiance, c'est même moi qui devrais les payer, à ce titre.

C’est comment la vie dans le sud ?

Comme ailleurs quand on est heureux partout : mais c'est un plaisir subtil d'écrire des histoires aussi dégueulasses dans un cadre aussi luxuriant.

Tu as utilisé habilement internet, on en attendait pas moins de toi.

C'est une sorte de vertige qui m'a incité à utiliser ce biais. Une pulsion, même.

J'aime fonctionner ainsi. Tourner à vide sans savoir comment faire connaître mes chansons, puis soudain, trouver l'alpha et l'omega de cette équation puis me lancer, sans aucune retenue, comme libéré.

Je savais déjà que le parti pris de l'A Capella devait s'accompagner d'une "promotion" personnelle, aussi atypique que Sale Hope. Avant ce genre de démarche, il faut connaître les forces et les faiblesses de ce que l'on propose, être d'une lucidité à toute épreuve. Pour Sale Hope, il me fallait surprendre, arriver de nulle part avec confiance et générosité et frapper vite et fort.

Et il est magnifique d'apprendre, par des retours très argumentés, que les gens adhèrent et prennent le risque du chamboulement. Voilà, pour moi, la vraie espérance.

Des "concerts" sont prévus ? Et comment cela pourra se dérouler ?

Je débute sur scène le 28 février 2015 à Paris, au Planète Mars, Rue de la Folie-Méricourt. Je ferai le maximum pour y présenter Sale Hope de manière digne et élégante. Je ne sais foutre rien de la manière dont les choses vont se présenter, mais je suis super excité à l'idée de me retrouver en équilibre précaire sans tout un barnum technologique devant des gens, à n'avoir que mes mots et des râles à leur proposer. Et je recommencerai autant de fois que l'occasion m'en sera donnée. C'est un peu à mon tour d'être excité et effrayé à la fois, maintenant que mes auditeurs l'ont été sans bourse délier en écoutant mes balivernes.

 

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Jarvis Platini en concert au Planète Mars (samedi 5 décembre 2015)

En savoir plus :
Le Soundcloud de Jarvis Platini
Le Facebook de Jarvis Platini

Crédits photos : Jarvis Platini


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Jarvis Platini (7 juin 2015)


# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Dans ta direction" de Camille Benatre
"Elevator angels" de CocoRosie
"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

et toujours :
"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché

Au théâtre

les nouveautés :

"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

et toujours :
"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14

Du cinéma avec :

"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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