A peine un an après la sortie de son quatrième album, le premier en français, Nosfell se fend d’un jubilé bien mérité. Cela fait en effet 10 ans que l’artiste à l’univers unique nous abreuve de rythmes et de contes enchanteurs. Porté par une sensibilité et un professionnalisme à tout épreuve, l’artiste présente un nouveau spectacle aux côtés de l’ineffable Philippe Découflé et investit le Trianon le temps d’une unique date, le 4 mars, à l’allure de Triomphe. Véritable célébration populaire, Nosfell nous a une nouvelle fois conviés à découvrir son univers, rencontre.
Amour Massif est sorti il y a maintenant un an, comment a été l’aventure live qui a entouré l’album ?
Nosfell : Super bien, on va continuer encore un petit peu après le 4 mars. C’est un réel plaisir de retrouver les gens. Je me disais que pour la tournée, on ferait les choses tranquillement, j’y ai pris beaucoup de plaisir.
C’est aussi ton premier live en français, sachant que tu considérais Amour Massif comme un moyen de résoudre la boucle narrative de tes trois premiers albums, est-ce que ce bagage a eu une incidence sur ton live ?
Nosfell : Cela me fait toujours peur de présenter des nouvelles choses, mais j’ai également besoin de me mettre en danger, de me sentir fragile, sinon il n’y aurait aucune utilité à monter sur scène. En revanche, l’équipe était super, les musiciens, les éclairagistes… Bref, je me suis bien amusé.
L’Amour Massif, il y a un an, c’était un sentiment immense et impressionnant, parfois écrasant que tu comparais volontiers à La Montagne romantique de Thomas Mann. Est-ce qu’aujourd’hui, face à ce sentiment, tu te considères alpiniste chevronné ?
Nosfell : (Rire) Je vais commencer à faire de l’escalade justement ! Je crois que ma musique m’a permis d’aller plus facilement vers l’audience. Je me suis plus ouvert et j’ai eu tendance à aller vers des accords plus lumineux, sans me tirer une balle dans le pied comme cela arrivait auparavant. C’est principalement l’intention que j’ai voulu y mettre, il y a donc eu des moments sur scène où j’ai réellement senti une communion avec le public. Je nous ai sentis ensemble, alors qu’auparavant il m’est arrivé de m’être senti observer en train de faire ma musique.
Tu penses que cela est dû aux langages ? (NDLR : Nosfell chante de façon régulière sur ses trois premiers albums en Klokobetz)
Nosfell : Non, je pense que c’est juste un état d’esprit et j’ai dû passer par une autre forme d’écriture. J’ai même interprété les textes que d’autres ont écrit pour moi. Mais je joue quand même aussi certaines de mes vielles chansons et lors de celles-ci, je sens également que je suis plus ouvert, plus tendu vers le public.
"Contact", c’est ton nouveau projet avec Pierre Le Bourgeois et Philippe Découflé, une équipe que tu connais bien, à quoi va ressembler ce nouveau projet ?
Nosfell : Super excitant. C’est une espèce de grande fresque un peu baroque en forme de comédie musicale mais un peu foutraque. Un collage de Philippe Découflé qui se positionne ici comme un directeur artistique, parce que le travail d’écriture est très collégial. On est très nombreux, donc c’est un exercice un peu difficile pour moi qui suit un solitaire, mais c’est un exercice dont j’ai besoin. Avec Pierre, on est parti puiser dans des choses très intimes, très direct, Philipe aime bien que l’on travaille dans l’urgence. Souvent on sort un motif, on l’améliore, on le rend audible, les danseurs sont là, on modifie selon leurs mouvements, bref, ça fuse dans tous les sens. Je m’y éclate, je change de costumes, je joue le rôle d’une sorte de Méphistophélès et ma langue est celle d’un dieu un peu ésotérique. Musicalement, avec Pierre on va vers des choses plus électroniques, que l’on avait vaguement abordé sur Octopus. On est contre la virtuosité, on veut être en phase avec ce que l’on sait faire, mais c’est très intéressant de se lancer dans quelque chose que l’on ne maîtrise pas forcément, ça offre des résultats inattendus.
10 ans de carrière, une date inédite au Trianon, c’est un jubilé presque, si tu ne devais retenir qu’un seul moment marquant sur ses dix dernières années, lequel serait-ce ?
Nosfell : Un seul moment, c’est vachement dur ! J’ai eu une véritable joie enfantine quand on a fini le Lac aux Vélies. Quand on a fini le bouquin et le disque. Je me souviens m’avoir revu dans ma cuisine à 15 ans avec mon vieux pote Edouard Bonan, avec qui on a fait pas mal de choses. Et on finit par jouer avec un orchestre !
Et qu’est-ce que dirait le Nosfell d’il y a 10 ans à celui d’aujourd’hui ?
Nosfell : "Mec, tu ne fais pas la tournée des Zéniths, qu’est-ce que tu branles ?" (Rire) Il me dirait que j’ai tenu la barre, et celui d’aujourd’hui dirait à celui d’hier de se détendre un peu !
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