Drame d'après l'oeuvre éponyme de Alfred de Musset, mise en scène de Eve Laudenback, avec Thierry Charpiot, Johanna Leira, Nicolas Malrone et Pierre Pirol.
Il est pratiquement impossible de monter et dans une petite salle qui plus est, la pièce d'Alfred de Musset : trop longue, trop de personnages. Et bien pourtant, c'est le challenge qu'a relevé Eve Laudenback et avec seulement...4 comédiens !
Et autant dire qu'elle a largement réussi. Alors bien-sûr, elle a dû procéder à de sérieuses coupes mais l'adaptation très resserrée qu'elle en a faite est particulièrement soignée et efficace, conserve les idées principales et surtout, ne perd jamais le spectateur en route.
On ne s'ennuie pas une minute dans cette version dense aussi splendide visuellement qu'à l'oreille où les voix et la musique donnent une très belle mise en relief de la tragédie d'Alfred de Musset. C'est une très belle surprise que nous a réservé la Compagnie En Plein Choeur avec ce spectacle étonnant : "Lorenzaccio ou le péché des Princes" mené par des comédiens formidables.
On admire l'art de Johanna Leira de passer d'un personnage à l'autre avec maestria et de faire montre d'un beau jeu corporel ou la faculté d'un Thierry Charpiot de composer un Philippe Strozzi tout en complexité.
Pierre Pirol est quant à lui fabuleux en Alexandre de Médicis. Certes, il tranche avec les interprètes habituels du rôle mais il apporte toute son étrangeté et sa grande variété de jeu. Un régal. Enfin, Nicolas Malrone est impérial dans le rôle de Lorenzo de Médicis à qui il prête son allure romantique et met en valeur avec une diction exemplaire le texte de Musset.
La metteuse en scène, pour pallier au manque de comédiens, utilise de nombreuses astuces : les masques, les marionnettes et même des voix off. Le décor sobre et les costumes de Lou Delville et Pétronille Salomé sont magnifiques. Toute la troupe travaille à nous offrir près de deux heures de théâtre généreux et noble dôté d'une belle exigence comme on aimerait en voir plus souvent.
Ce "Lorenzaccio" bouillonnant est à ne pas manquer pour découvrir ou redécouvrir un des plus grands textes du répertoire qui paraît, plus que jamais, terriblement pertinent et actuel. |