Comédie dramatique de Marius von Mayenburg, mise en scène de Maïa Sandoz, avec Serge Biavan, Adèle Haenel, Paul Moulin et Aurélie Vérillon.
Marius von Mayenburg a écrit plusieurs pièces courtes dans lesquelles il procède, entre autres, à l'exploration de la frontière entre le réel, la réalité, la fiction et l'imaginaire, qui sont coeur du théâtre, à une déclinaison singulière des mythes tel celui de Narcisse dans "Le moche" et de Barbe-Bleue dans "Voir clair".
Dans "Perplexe", ce dramaturge trublion s'empare, avec une belle vitalité créatrice et le goût des fausses pistes, de l'allégorie de la caverne de Platon alors même que la partition démarre sur le thème de l'usurpation d'identité.
Car l'auteur démiurge érige le lieu en chambre mentale, si ce n'est un laboratoire expérimental, échappant à toute raison et toute convention dans laquelle vont se télescoper des situations comiques, burlesques ou surréalistes et des identités insaisissables, hommes, figures, personnages ou simples illusions, plongés dans un état de confusion et de doute. Et pour corser l'ensemble, si tant est que nécessaire, il introduit un macguffin avec l'ouverture sans cesse différée d'un étrange paquet postal.
Marius von Mayenburg a construit une ébouriffante machine à jouer, déclinaison jubilatoire de "L'illusion comique", doublée d'une comédie aussi philosophique qu'hystérique mettant aux prises deux couples interchangeables entraînés dans un quadrille délirant qui finit par fonctionner en auto-allumage pour enchaîner des bribes de scènes aléatoires auquel la mise en scène de Maïa Sandoz surenchérit en impulsant un rythme de folie.
Sur scène les quatre officiants sont emportés dans une infernale spirale tragi-comique qui s'avère aussi inquiétante que jubilatoire. Et quand c'est fini, cela ne peut que recommencer car l'auteur n'en finit pas de dynamiter l'édifice.
Serge Biavan, Adèle Haenel, Paul Moulin et Aurélie Vérillon exécutent de manière virtuose cette partition en forme de patchwork frégolien et chacune de leur composition, dont certaines mémorables telles l'élan du premier et le volcan de la seconde, est irrésistiblement hilarante. Mais peut-être que spectateur, lui aussi perplexe, rit jaune... |