Growing Up Is For Trees
(Telegram Records / Warner Music) mars 2015
Il y a des choses qui, quoiqu’il arrive, font toujours plaisir, principalement trois : manger une pizza, faire du sexe, écouter un nouvel album de I’m From Barcelona. Même si la pizza n'est pas top, si le sexe est un peu bâclé, si l’album est un peu moins bon que le précédent, c’est quand même toujours plaisant de manger une pizza, en faisant du sexe, en écoutant I’m From Barcelona, c’est un peu salissant il faut bien l’avouer, mais bon.
Je ne vous parlerai pas de ma dernière pizza qui était vraiment divine, une quatre fromages, enfin une Quattro Formaggi plutôt, à la pâte fine et croustillante, parfaitement garnie et cuite à la perfection. Je ne vous parlerai pas non plus de ma vie sexuelle (comment je me suis disputé), bande de pervers polymorphiques qui, sous prétexte de venir lire des chroniques musicales, voulez simplement vous rincer l’œil et vous repaître des détails croustillants sur les mœurs débridées des chroniqueurs et des attachées de presse dans les backrooms que sont les carrés VIP des salles de concerts parisiennes, vous me dégoûtez !
Aujourd’hui, je vous parlerai simplement du nouvel album de I’m From Barcelona, groupe suédois qui a compté jusqu’à vingt-neuf (!!) membres, et qui reviennent à seulement dix-neuf (!!), d’après la photo de la pochette de l’album du moins, c’est la crise pour tout le monde. Un des soucis de IFB (pour ceux qui sont pressés), à part le fait d’être des menteurs puisqu’ils sont de Jönköping, est à chercher du côté du premier album, il était tellement atypique, tellement particulier que d’une part on a en créé un théorème musical (du moins pour moi) : une chanson pop est réussie si et presque seulement si on peut appliquer dessus un rythme dit "clap-clapclap" et que d’autre part, ils sont apparus comme une bande de joyeux hippies naïfs faisant du Polyphonic Spree sans toge, avec des paroles légères, "on est une bande de copains et on s’amuse, oh cool un feu de bois, venez on fait des chansons, lol !". Voilà l’image que beaucoup ont d’eux et c’est non seulement bien dommage mais totalement faux. Depuis trois albums, IFB a acquis une vraie stature de groupe pop bien loin de ce cliché mais sans jamais pourtant perdre leur univers parfois un peu festif et c’est connu, l’amateur de pop n’aime pas la musique un peu festive, ce n’est pas bon pour la crédibilité de taper du pied.
Aujourd’hui sort leur quatrième album, cinquième si l’on compte leur projet fou de triple vinyle 27 songs où vingt-sept chansons étaient réunies, chacune composée et enregistrée par un membre (à ne pas confondre avec 9 songs où... heu non rien, on a dit pas de racolage). Disons-le tout net, Growing Up For Trees est une réussite, pas partielle, pas "un peu", totale. On retrouve quelques éléments fondamentaux d’IFB, des chœurs, des refrains chantés tous ensemble, des chansons légères et enlevées ("Violins", "Benjamin"), et même certaines qui se conforment au théorème du "clap-clapclap". Mais il n’y a pas que ça, les compositions d’Emanuel Lundgren, le chef de fanfare, n’ont jamais été aussi ambitieuses et pourtant toujours aussi légères et aériennes, certaines totalement Arcade Firienne mais sans, avouons-le, la prétention de ces derniers. La naïveté des débuts a fait place à une profondeur, voire même à une certaine mélancolie même dans les chansons les plus légères. Si les compositions sont toujours aussi pertinentes, l’électronique vient en quelques touches impressionnistes apporter une couleur différente aux chansons, de manière totalement naturelle, là où dans "Get In Line" par exemple sur Forever Today, leur album précédent, ça semblait un peu plus forcé.
Dire que IFB n’a pas le succès mérité est une évidence à la limite du cliché. Ils font comme beaucoup partie des grands oubliés et évidemment c’est totalement injustifié, ce disque regorge de chansons incroyables "Helium Heat", "Sirens". Osant même des moments plus planants, plus doux, plus touchants, "Growing Up Is For Trees", "Summer Skies" et sa coda totalement hypnotique. Chaque morceau s’inscrit parfaitement dans la continuité du précédent sans jamais aucune redite, en formant un disque cohérent et pourtant varié.
Parfois les pizzas sont vraiment immondes, trop cuites, pâtes dégueulasses, fromages industriels et jambon polyphosphaté. Parfois, le sexe ce n’est pas génial, pas d’alchimie, draps sales, odeurs étranges, trop bref, trop long. Heureusement dans ces cas-là, il reste I’m From Barcelona, la seule chose qui, quoiqu’il arrive, fait toujours plaisir.
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