Bill Wells, jazzman autodidacte écossais nous offre avec The most important place in the world sa deuxième collaboration avec Aidan Moffat.

L’album démarre au métronome, avec une voix grave mi-parlée mi chantée, à la manière de Lou Reed… les arrangements sont pour le moins déroutants : piano, violons ainsi qu’une boîte à rythmes qui apporte à l’ensemble une atmosphère légèrement électro. Entre la musique d’hier et les tendances actuelles, on dirait que Bill Wells & Aidan Moffat se perdent dans une sorte de compromis compromettant. Sur cet opus, la mécanique ne semble pas réellement fonctionner et donne à l’ensemble un aspect tristement démodé.

Cet album n’est pas sans intérêt mais le parti pris aurait mérité d’être plus fort ou mieux assumé. Mélanger le jazz et la musique électronique, pourquoi pas ? Mais ici, cela ressemble plus à un travail inachevé marqué de nombreux aller-retour.

Les titres "The tangle of us" et "Street pastor colloquy, 3am" plus classiques dans l’approche, parviennent néanmoins à toucher ma sensibilité musicale de midinette presque trentenaire. Je regrette par ailleurs que les cuivres ne soient pas plus présents pour donner plus de corps et de rondeur aux compositions.

La pochette laisse entrevoir une légèreté, propre aux dessins d’enfants, qui n’est pas de mise dans le contenu. La musique est plutôt torturée, presque mystérieuse. Les mélodies lancinantes contribuent largement à cette ambiance mélancolique.

A l’écoute des 12 morceaux et après 3 mois d’hiver, je suis en mal de soleil, plongée sous des nuages épais, l’atmosphère est pesante comme avant un orage. Il me manque un peu plus de lumière pour être conquise par cet essai laborieux et sombre… mais peut-être qu’avec un bon whisky…