Je dois bien l'avouer, je n'ai jamais écouté une seule seconde d'un album de Godspeed You! Black Emperor... Pourtant, c'est l'un des groupes que j'ai le plus vu en live.
Il s'agit d'ailleurs de mon troisième live report sur ce site, et même si je ne sais pas encore trop où la page blanche va m'amener, j'ose espérer que cela soit le plus compréhensible, les deux autres étant plus influencés par la bouteille que par la musique. Bref.
Carla Bozulich ouvre le bal ce soir, et ce fut remarquable ! Accompagnée par le guitariste Adrián De Alfonso Prieto-Puga, le concert débute de manière très folk avec des bribes d'électricité, mais l'orage se met réellement à gronder lorsque des membres de Godspeed la rejoignent. Des cris de jungle néo-gothiques résonnent alors sur des rythmes tribaux aux allures de free jazz, sur un fond de bidouillage sonore électronique. Cette décadence rappelle autant Einstürzende Neubauten et The Birthday Party que la trilogie berlinoise de David Bowie.
La performance est puissante de sincérité, une place de choix étant laissée à l'improvisation, et ne cessera de gagner en intensité grâce à une voix parfaitement maîtrisée mais toujours sur le fil, créant ainsi une tension supplémentaire. Malheureusement, le show fut trop court et fut de mon point de vue le meilleur concert de la soirée.
Comme d'habitude, Godspeed annonce son arrivée par un drône. Les choses sérieuses peuvent commencer. "Rockets Fall on Rocket Falls" issu de l'album Yanqui U.X.O. ouvre le bal et la magie opère. C'est puissant, aérien, vertigineux surtout accompagné par les superbes visuels super 8 du projectionniste.
Vingt minutes plus tard, "Mladic" sonne comme du Amon Düül II, même si l'acoustique de l'Aéronef n'est pas adéquate et transforme le mur de son en bouillie sonore.
Le concert fut réellement découpé en deux parties, puisqu'après un "Moya" fort sympathique, l'intégralité du nouvel album Asunder, Sweet and Other Distress fut interprétée.
C'est le moment où l'ennui se fait ressentir. Il faut dire que le style de Godspeed se renouvelle aussi peu que son public.
Ce public qui ne cessera d'ailleurs de répéter que c'était mieux avant. Mais attention, cela ne veut pas dire que le concert de ce soir fut raté. C'est juste que les ficelles sont devenues de plus en plus prévisibles.
Rien de bien méchant donc, qui ne m'empêchera de remettre le couvert une quatrième fois.
|