Funeral, le premier album d'Arcade Fire sort enfin en France. L'album est en fait disponible depuis six mois en import et récolte un peu partout des chroniques dithyrambiques. L'occasion de discuter avec Régine Chassagne et Win Butler, les deux piliers de ce collectif canadien.
Pouvez-vous revenir sur les conditions de formation d'Arcade Fire.
Win était aux Etats-Unis, au Texas. Il a fait un peu d'études, mais ça ne le passionnait pas plus que ça…Il est parti à Montréal, un peu comme ça, sans trop réfléchir. On s'est rencontré deux semaines après son arrivée. Moi j'étudiais le jazz et je faisais de la musique médiévale. On a commencé à écrire des chansons, et aussi à sortir ensemble.
Et en ce qui concerne les autres membres du collectif ?
On a enregistré une démo dans une grange avec des amis glanés ça et là. Après, le groupe s'est dissout, et Richard (Reed) qui nous avait enregistrés venait de se séparer de son groupe. Will Butler, le frère de Win est arrivé de Chicago, entre deux cours de fac. Maintenant le line-up est stable…
Les éloges foisonnent au sujet de votre disque, votre concert au nouveau Casino est complet… Vous réagissez comment à tout cet abattage médiatique ?
Nous ne réalisons pas trop ce qui nous arrive. C'est assez excitant. On a tous très hâte de jouer ce concert à Paris. Nous sommes assez surpris pour le disque, mais bon, nous ne sommes pas naïfs…Les gens sont toujours attirés par la nouveauté. Peut être que notre prochain album sera une déception…
Il y a une certaine effervescence créatrice au Canada. Un tas de nouveaux groupes talentueux débarquent (The Dears, Metric, Broken Social Scene….) Que se passe-t-il donc en ce moment au Canada ?
Je ne sais pas. C'est peut-être parce que le genre de musique jouée par ces groupes répond à une certaine attente du public…
Venant de Montréal, êtes-vous proches de groupes comme Godspeed You Black Emperor, de toute cette scène "Constellation" ?
Pas vraiment, nous sommes surtout proches géographiquement, c'est tout…
Pendant l'enregistrement de l'album, certains membres ont été touchés par la mort de proches… L'album s'est-il fait dans la douleur ? Avez-vous eu la volonté de faire un album concept ?
Non, pas du tout. En fait cet album est rempli de double-sens. La plupart des chansons écrites n'ont pas de rapport avec la mort des proches du groupe. Les décès sont venus plus tard, vers la fin de l'enregistrement Les funérailles ne sont pas forcément tristes. Les enterrements sont parfois l'occasion de voir des gens de la famille que l'on ne voit jamais…
Donc cet album n'est pas une catharsis… ?
Non, la musique n'est pas une thérapie pour nous… Nous sommes motivés par la création artistique. Certaines chansons étaient écrites depuis quatre ans. Nos morceaux ne contiennent pas uniquement d'éléments autobiographiques. Ils laissent aussi part à l'imaginaire…
Comment se passe la composition au sein d'Arcade Fire ?
Win et moi composons les chansons ensemble. Tim et Richard nous aident beaucoup pour les arrangements. On est toujours ensemble avec Win, (sauf maintenant, car Win est introuvable…), donc c'est un travail de composition collective. Win écrit pas mal de paroles, mais moi j'en écris également.
Vos textes sont influencés par la littérature ?
Win lit beaucoup d'auteurs russes. J'ai lu beaucoup de littérature médiévale, des choses assez bizarres, en vieux français.
Quelles sont vos influences musicales ?
Je n'ai pas vraiment de culture rock indépendant. Win a écouté beaucoup de pop-rock, Cure, New Order, Echo & the Bunnymen…
On aurait pu vous retrouver sur le label constellation, mais vous avez signé sur Merge. Pourquoi ? (On a retrouvé Win !!!!)
Le son constellation est très stéréotypé, nous ne rentrons pas vraiment dans leurs critères. Je suis assez content d'être sur Merge. Et puis ce n'est pas un label hype. Ils ont toujours fait un boulot énorme pour la musique indépendante. Ca fait quinze ans qu'ils sont là…
La pochette de l'album est assez originale. Qui a conçu le graphisme ?
Nous avons travaillé avec Tracy Maurice, c'est une très jeune artiste de Montréal.
Pour finir, pouvez-vous résumer votre musique en trois mots ?
Après une longue hésitation : Car, Crash, Rainbow.
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