L’achat de mes premiers disques remonte au milieu des années 70, mon premier concert à 1980.
Il y a quatre ans, après une vingtaine d’années passées en d’autres territoires artistiques, je me suis remis à chiner des disques et à hanter les petites salles de concert. Pendant ces 4 ans, j’ai eu nombre de coups de cœurs : Mina Tindle, Les Colettes, Lidwine, Pagan Poetry, Pauline Drand, Malvina Meinier et quelques autres. A chaque fois, j’ai réussi à conjuguer le plaisir de la musique enregistrée avec celle du live et à situer l’artiste.
De Michelle Blades, je n’avais jusqu’à présent réussi à me procurer qu’un 5 titres, le très Punk ou plutôt le très Stoner / Rock Psychédélique Zoroaster & Two Devils, paru en 2013 chez Midnight Special Records et à télécharger Mariana, un élégant album folk. J’étais aussi rapidement devenu accro au titre électronique "Lava boy" dont on trouve une réjouissante version live filmée à la java en 2013.
Cette jeune femme capable d’aussi grands écarts musicaux avait le don de me désarçonner. C’est donc avec l’espoir d’y voir enfin plus clair que j’ai appris la sortie d’ATARAXIA, premier véritable album français (entendez composé en France) de Michelle Blades. Alors verdict après quelques écoutes ? Plus dérouté que jamais mais séduit !
Dès le premier titre "How Many Shadows Do I Lay In", la luronne brouille les pistes. Ce titre dont le début évoque les Young Marble Giants (un des groupes les plus délicats des années 80), dérive subitement vers l‘univers bordelico-bruitiste des Pixies. En un mot : jouissif !
Avec "Needles In Your Pockets", elle poursuit avec la fougue d’un Jello Biafra féminin et c’est l’énergie du punk californien qu’elle ravive le temps d’un morceau digne des Dead Kennedys. Je suis un peu moins sensible au morceau suivant "Subtropical" et à son cousin "L’Armée Cubaine", sans doute en raison de leurs indéniables influences latines. C’est probablement mon éducation musicale qui fait défaut.
Etonnamment "Crush", le quatrième titre est triple ("I Went To Your Party" / "Obsession" / "Crushed"). C’est pour moi un des sommets de l’album : une petite merveille alliant électronique et guitare. Il bénéficie en outre d’un triple clip dont l’ambiance évoque les films de Sofia Coppola. Un titre auquel ne résisteront pas les amateurs de "Lava Boy" et un clip qu’on aimerait voir devenir long métrage.
Avec le très minimaliste "Going To Bars To Drink Alone", accompagnée d’une simple guitare, Michelle Blades montre qu’elle sait aussi faire mouche sans le moindre artifice. Sur "His Man" et ses riffs heavy metal, ce sont les White Stripes qu’elle invite à la fête !
Avec le premier mouvement de "Saturnino", elle nous offre la ballade de l’album, puis elle nous entraîne dans une mélodie beaucoup plus complexe. Etonnant, déroutant, mais un réel plaisir pour l’auditeur. Que dire de "Kali", certains le jugent prog. Cela ne colle guère à l’image de Michelle Blades… et pourtant.
Enfin, l’album se conclut sur "Risk Fruit", je vous laisse découvrir cet étonnant morceau. A aucun moment la très talentueuse touche-à-tout ne nous aura permis de trouver nos repères… Et c’est bien ainsi.