Où je vous parle d'une artiste talentueuse et secrète, d'une musicienne dont vous avez sûrement déjà entendu le talent sans le savoir. Où je vous parle d'un disque dont j'ai su, dès les premières notes, qu'il m'emporterait. Annika and The Forest : Chromatic.

Avant même d'être une chanteuse, c'est une compositrice, une auteure, une artiste, dont le CV est réellement impressionnant. La chanteuse nordique a collaboré avec quelques noms connus (Hey Hey My My, Jane Birkin, Jean Guidoni...) au sein du studio qu'elle a co-fondé* et a également habillé de ses notes les images des autres (pub, télé, cinéma). Mais un bon CV ne fait pas un bon album, on le sait bien.

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Percussions électroniques, basse envoûtante, synthé léger, simplicité presque froide, ambiance efficace, chaque note a le son qu'il faut pour porter l'émotion dont elle est l'ambassadrice. Rien de trop et rien ne manque. Le silence même semble devenir un instrument tant Annika sculpte la matière sonore alternant les pleins et les vides avec maestria. Mais si la technique est présente, on ne la sent pas.

On est pris par l'intelligence du propos, par l'élégance des arrangements, par l'immensité qui s'ouvre sous nos oreilles. Il est très difficile de parler d'un disque aussi évidemment beau. Chaque titre est une découverte, une nouvelle langue, un nouveau continent et pourtant, on ne se sent jamais perdu. Je pourrai aligner les adjectifs et les images en tournant autour du champ lexical de l'enchantement, enfiler des perles de ligne en ligne, cela n'aurait aucun sens. Il faut écouter cet album, et partir.

[] Stop

Fin du voyage. Car c'est un voyage. D'habitude, je trouve une pirouette plus ou moins intelligente pour conclure mes chroniques en ouvrant le disque vers quelque chose de plus général, mais là, je n'y arrive pas. En fait, je ne suis pas certain d'avoir envie d'en finir avec ce disque. Alors je vous laisse là et j'y retourne.

* Afternoon Session aux côtés d'Edith Fambuena, ex Les Valentins.