Comédie dramatique de Edward Albee, mise en scène de Gilbert Désveaux, avec Jean-Marc Bourg, Xavier Gallais et Fabienne Perineau.
"La Maison" et "Le Zoo". Deux textes réunis. Une seule histoire qui se résout. Et l’univers pathétique de la normalité fissurée, vu par Albee.
Un homme, une femme, un jour comme un autre. A-t-elle bu ? Pris son courage à deux mains ? Saisi la morsure du temps et le désespoir d’une vie au jour le jour ? Ann jette quelques vérités à un mari qui lit et soupire. Peter tente de répondre et se trouve pris au piège.
La femme aimerait être traitée avec un peu moins de respect. Son mari tellement urbain et civilisé a quitté sa louve animalité. Elle se sent mieux de l’avoir agressé. Lui a réussi à argumenter. Une trêve sans résolution parait possible. Il sort respirer dans le parc de New-York cerné de gratte-ciels.
Mais là il y a Jerry, un clochard-poète (il habite encore quelque part, près d’une logeuse hideuse, propriétaire d’un chien qui lui ressemble) et ce qu’Ann n’a pas réussi à provoquer, ce pauvre jeune homme désespéré et provocateur y parviendra.
L’adaptation de Jean-Marie Besset se révèle impeccable, juste, précise, tandis que la mise en scène de Gilbert Desveaux respecte l’univers étouffant d’Edward Albee. La première partie, longue, pesante, évoque parfaitement ces scènes de ménage alcoolisées et dépressive où "l’on cherche la bagarre", gratuitement, sadiquement.
Mais le meilleur arrive avec l’hallucinante apparition de Jerry, fabuleux Xavier Gallais, qui impose son personnage d’hurluberlu instinctif et ruminant avec une force et une présence qui lacèrent.
Jean-Marie Bourg est un bon mari américain de la classe moyenne supérieure, tandis que Fabienne Périneau incarne parfaitement la frustration et le malheur inventé d’une femme choyée et pourtant infiniment déçue.
Un spectacle vertigineux, qui prend de la vitesse, périlleux, implacable. Les cages du zoo sont béantes.