Paris, le métro, collés les uns contre les autres, cette promiscuité que l’on n’accepterait jamais ailleurs sauf dans ces moments là. Je vais au travail, je n’ai pas le choix, frotte-toi si tu veux, mais laisse-moi juste assez de place que je puisse lire et partir loin, très loin, de l’autre coté de l’Atlantique, là où il y a des idées sauvages, des grands espaces, des horizons, du silence, de l’air quand la vie ici n’est que ville, béton, bruit, pollution, pardon j’arrive à Invalides, je reprends dans cinq minutes…
Cinq minutes plus tard, c’est-à-dire vingt minutes plus tard le temps parisien se délaye, je suis toujours dans les grandes plaines, j’ai envie de savoir ce qui arrive dans la vie de Dan O’Brien, parce que voilà, Wild Idea raconte la vie de Dan O’Brien sur euh… la temporalité n’est pas son fort, mais pourtant il réussit à nous donner envie de manger de la viande de bison, je sais ça n’a pas de rapport. Pardon, je me rends compte que je ne vous ai pas expliqué de quoi je parle et que comme souvent, je parle tout seul, transformant mes chroniques en soliloque, me perdant moi-même dans le verre d’eau de ma pensée.
Donc le livre, hop ! Quatrième de couverture : voici l’histoire de Dan O’Brien et comment il réintroduit enfin les bisons en liberté sur leur terre originelle. En fait, une fois de plus, la quatrième de couverture ment, oui c’est l’histoire de Dan, de ce qu’il a vécu, c’est plein de petites anecdotes, d’histoires tristes, drôles, parfois frustrantes, parce que parfois sans chute, nous présentant des personnages puis les évacuant quasi aussitôt, c’est l’histoire d’un mec qui veut rendre la terre à qui elle appartient : les bisons, et qui en profite pour raconter sa vie, et sa vie montre que rien n’est si simple, cette femme qu’on aime avec qui on travaille mais à qui on ne parle plus quand les difficultés arrivent, cette belle fille que l’on aime comme sa propre fille et qui au final donnera les plus belles histoires du récit. Et si ce n’était pas tant une ode aux grands espaces mais juste une déclaration d’amour à son métier, et à ceux qui l’on aidé à être là où il est, c’est-à-dire propriétaire d’un ranch près d’une réserve, vendant de la viande de bison "bio".
En évoquant sa tristesse infinie pour les derniers Hespérides du Dakota, comment il tombe presque en amour pour un jeune poulain, comment il va essayer de le monter, comment il s’adonne à la fauconnerie, Dan O’Brien nous fait partager son quotidien, sa soif de grands espaces, d’animaux sauvages qui vous reconnaissent presque, son amour immodéré pour les chiens, les difficultés de monter une entreprise "pour la bonne cause", et sa vraie passion pour les bisons.
Grâce à Wild Idea, j’ai voyagé, j’ai rêvé, j’ai été sur les internets pour voir ce dont il était question, parce que c’est parfois ce qu’il manque, une carte, des images, des repères, quand soudain vous voyez ce qu’est le ranch, ce qu’est concrètement le rêve de Dan, là où il est aux Etats-Unis d’Amérique, tout semble incroyable, son ranch a la taille de Paris, en plus grand en fait.
Pour être franc, je ne sais pas si je vous conseille ce livre ou pas, parfois le côté un peu décousu est un peu gênant, mais ce livre permet de se dire que c’est possible de se battre contre la loi du marché, qu’il faut défendre ses idéaux, aller au bout de ses idées et ne rien lâcher. Il ne vous fera sans doute pas devenir végétarien, mais vous donnera envie de manger mieux, de respecter les animaux, et leurs éléments naturels. Plus profond qu’il semble, ce livre traite également par le cas concret de Dan de l’adoption, l’amour, l’amitié. Bref, l’histoire d’une vie d’un passionné, d’un homme qu’on imagine droit, inflexible, fidèle aux autres et à ses valeurs, un homme que l’on aimerait être.
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