Quand on arrive chez CiaoGnari à Belleville, Daniele est déjà là, assis à une table dehors. Dans la salle, un mélange de langues : on parle en italien, en anglais et en français. Bien que l'on ne se connaisse pas, on est entre amis : on mange de la piadina, on boit du Chinotto, du vin italien et de la limonade ligurien.

Daniele Carretti est arrivé à Paris de Reggio Emilia, dans le nord-est d'Italie, avec son projet Felpa, né en 2013, après son expérience avec les Magpie et les Offlaga Disco Pax, un groupe au son new wave / electro, qui raconte des anectodes de l'Italie des annés 70' et 80', la politique, dans un esprit sarcastique.

Près de deux ans après son premier album Abbandono sort Paura signé sur Audioglobe, en cinq cents exemplaires, écrit et enregistré la nuit chez Daniele, avec la collaboration de l'artiste Filippo Quaranta pour les collages graphiques de la couverture.

Felpa, c'est le mot italien qui veut dire sweat-shirt, un vêtement derrière lequel on peut se cacher sans effort, et c'est ainsi que Daniele, presque timide, commence à jouer, silencieux, sans rien dire.

Le premier morceau, c'est "Paura mai" ("Jamais peur" : "Je resterai à tes côtés / et dans le noir tu n'auras jamais peur"), le titre de l'EP et un mot qu'on retrouve dans les autres morceaux de l'album également. La basse laisse place à la Gibson bleue et à plusiers pédales qui donnent un son typiquement shoegaze. Après le deuxième morceau, Daniele remercie et plaisante en parlant des titres de ses albums : le premier c'est l'abandon et le deuxième, c'est sa suite, la peur : "C'est la joie !" dit-il en souriant.

Il aime la beauté des détails, et c'est pour ça que Abbandono a été publié en édition limitée avec une impression sur papier non couché avec une page du livre La ragazza dell'abbandono ("La fille de l'abandon") de Giorgio Scerbanenco. Dans le montage des photos de Paura, on trouve des photos de Paris, comme il dit, des moments de voyage dans la ville.

On a peur après un abandon, après la fin d'une relation, on est dans le vide et on essaie d'exorciser ses sentiments en les affrontant.

Il y a dans l'air des chansons italiennes des années 70' avec un tribute à Rimmel de Franceso de Gregori et avec une version personnelle de "Come Vera Nabokov" ("Comme Vera Nabokov") du jeune groupe indé electro italien I Cani.

On dirait un album triste, il n'y a pas de place pour le pardon, comme chante Daniele. Quand il est triste, il joue. Mais il y a aussi cette envie d'échapper à la tristesse, grâce aux beaux souvenirs, aux images rêvées et à la musique. On a envie d'écouter cet album chez soi, en regardant des vieilles photos ou à travers la fenêtre, en regardant dehors.

On termine avec deux morceaux en anglais. Un hommage aux Fleetwood Mac avec "Storms". Daniele explique qu'il avait envie de chanter en anglais après l'enregistrement d'un album tribute Souvlaki des Slowdive. Il sourit : "Felpa en anglais !" et très fier, il joue sa version de "Altogether".

Quelqu'un dans le public demande comment on dit "Felpa" en anglais, il répond "Hoodie" mais quand même, il dit qu'il choisirait Felpa en anglais aussi.

Il remercie le public et va s'assoir sur le canapé, on s'éloigne des pensées tristes, de l'hiver, du froid, la catharsis a réussi et maintenant on a moins peur.