Réalisé par Guillaume et Stéphane Malandrin. Belgique/France. Comédie. 1h36 (Sortie le 22 juillet 2015). Avec Bouli Lanners, Wim Willaert, Lyes Salem, Serge Riaboukine, Eddy Leduc, Jacky Lambert et Marie-Renée André.
Stéphane Malandrin et Guillaume Malandrin livrent avec "Je suis mort mais j'ai des amis" une comédie "rock','roll" irrésistiblement joyeuse qui dérouille les zygomatiques.
Ce road-movie burlesque, jubilatoire et totalement jouissif qui aurait pu s'intituler "Punk-rock chez les Inuits" (au demeurant introduit par une blague inuite délivrée par un autochtone) entraîne le spectateur dans le microcosme du groupe Gros Ours composé de vétérans du punk-rock qui se sont fait une belle petite réputation - locale - dans le Plat pays devenu la deuxième patrie du rock outre Amérique.
Depuis bien plus de vingt ans, ces quinquas, qui font figure de ridicules dinosaures dont se gaussent les jeunes générations, continuent de réaliser leur rêve et ne vivent que pour les soirées de concert suivies de folles équipées sauvages jusqu'au bout d'une nuit fortement alcoolisée qui s'achève près d'une … baraque à frites, bien évidemment.
Et c'est au cours de l'une d'elle que survient, dans des circonstances stupides et à la veille d'une tournée américaine, la mort du chanteur (Jacky Lambert). Mais qu'à cela ne tienne, il n'est pas question de renoncer à la tournée mythique qui constituerait le point d'orgue de leur carrière et "fiat lux" : le chanteur sera bien présent mais sous sa forme "calcinée" !
Encore faut-il arriver sur place et tout n'est pas gagné pour cette bande de pieds nickelés embarqués dans une équipée aux péripéties rocambolesques qui prend la tournure d'un périple funéraire et d'un voyage initiatique pour vieux ados aux cheveux gras et idées courtes qui rejoint, de manière moins glauque, la thématique de la trilogie littéraire "Vernon Subutex" de Virginie Despentes.
Les atouts imparables de ce film : une réalisation un peu foutraque qui sied à un scénario délirant sur le thème du road-movie mâtiné de course-poursuite et qui repose sur un fantastique duo de clowns, des personnages savoureux, un seul, mais épatant personnage féminin à la belle tendresse émouvante (Marie-Renée André), une bande-son qui nettoie les tympans avec les opus mythiques de groupes improbables, tels les Olivensteins, exhumés par le label indépendant Born Bad Records et un humour... belge.
Surtout, des acteurs fantastiques qui, chacun à sa façon, a une "gueule" : Serge Riaboukine en ancien-batteur qui veut s'offrir un dernier trip et débarqué de l'aventure pour cause de fragilité lombaire, Wim Willaert, le guitariste, sorte de Droopy flamand adepte de la fumette et Bouli Lanners, le bassiste Yvan le terrible au coeur de midinette qui se la joue biker à la wallonne. Et puis Lyes Salem pour camper l'inattendu quatrième mousquetaire, un beau militaire "cumulard" puisque arabe et homosexuel.
Nourris au bon lait de "Strip-tease" et plus proches des frères Coen que des frères Dardenne, leurs compatriotes, les frères Malandrin n'ont pas raté leur coup et envoient du lourd dans les amplis ! |