You can't beat me if I'm not playing
(Another Record) septembre 2014
Il faut bien reconnaître un avantage, entre autres, à l'été : les sorties d'albums se raréfient. C'est donc le moment idéal pour jeter un œil dans l'rétro, histoire de vérifier qu'on a rien oublié en prenant la route. C'est à peu près de cette façon que je suis tombé sur le huitième album de The Keys, sorti fin 2014 sur le label tourangeau Another Record.
Ayant déjà chroniqué les excellentes livraisons de Bajram Bili et Odran Trümmel, je me suis facilement laissé tenter par un troisième disque de la même maison. Les univers des deux premiers étaient radicalement différents, que va-t-il m'arriver avec The Keys ?
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Folk. Voilà une case rapide et facile. Si c'est effectivement la tonalité dominante, tout va très vite se compliquer. Dès le deuxième titre, la section de cuivres apporte une touche de ska et la mélodie va chercher ses accents du côté de la Jamaïque. Changements de rythmes, mises en place parfois acrobatiques, foule de musiciens qui se répondent avec bonheur et humour - tous semblant se ranger joyeusement aux indications précises mais vagues d'un chef d'orchestre gourmand - la monotonie n'a pas de place dans l'univers de The Keys. Ukulélé, guitares (électriques, folks et sèches), cuivres, violons, contrebasse, batterie, percussions diverses dessinent sur chaque chanson différents plans qui donnent une vraie profondeur à un ensemble déjà bien accidenté.
Boris Paillard (the man behind) puise dans les rythmes des îles, les couleurs chaudes de l'Amérique du sud ou le punk British pour produire une musique pop-folk presque bancale mais qui arrive à garder son équilibre. Les morceaux sont un peu fous et les arrangements fourmillent d'idées. On pense parfois aux années 90 et à leurs productions folk un peu lo-fi qui savaient prendre des libertés avec tous les codes. Le pari n'est pas évident, mais il fonctionne pour deux raisons : n°1 : les compositions tiennent debout sans artifices, n°2 : l'homme au cœur du projet est bien entouré.
[] Stop
Un nom de groupe au pluriel pour un seul homme... On allait forcément tomber sur un album aux personnalités multiples. Certains lui reprocheront peut-être son côté fouillis, je préfère m'en réjouir car on n'a pas souvent l'occasion d'écouter un artiste aussi généreux, entouré de musiciens qui le lui rendent bien et savent se mettre au service de compositions recherchées, un peu savantes mais surtout folles... pour notre plus grand plaisir.
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
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