Comédie de Jean-Paul Wenzel, mise en scène de Lou Wenzel, avec Philippe Duquesne, Jean-Pierre Léonardini, Jean-Paul Wenzel, Hélène Hudovernik et Viviane Théophilidès.
L’intérieur d’un petit pavillon de banlieue (impeccable décor de Nicolas Nore), où le temps a laissé très nettement son empreinte. Ils arrivent l’un après l’autre, les trois frangins, convoqués là par un mystérieux SMS.
C’est que la mère, dans la chambre d’à côté, ne va pas bien. Ce sera pour eux l’occasion de faire ressurgir le passé, de s’expliquer et de peut-être enfin se rapprocher…
De retour au Lucernaire après le remarquable "5 clés" en 2010, Jean-Paul Wenzel propose avec "Frangins" une pièce à la fois drôle et nostalgique aux dialogues ciselés qui réunit autour de l’auteur, deux amis, Philippe Duquesne et Jean-Pierre Léonardini dans les rôles du benjamin et de l’aîné. Trois frères aux destins différents : le plus jeune est un magicien connu qui passe à la télévision, le second un écrivain de polars et l’ainé un braqueur.
Au fil de leurs souvenirs communs apparaissent les petites jalousies de jeunesse, les rancoeurs mais surtout les liens fraternels et la belle complicité retrouvée. Jean-Paul Wenzel montre une réelle affection pour ses personnages dans une histoire poignante dont seule la fin, trop prévisible, est un peu en deçà.
On passe un bon moment avec les retrouvailles de ces trois-là, en compagnie des femmes qui les entourent (et les inspirent). Car la compagne de Philippe, Muriel et surtout Gaby, la serveuse du bar-tabac, seront les médiatrices et les déclencheuses de la réconciliation.
Hélène Hudovernik interprète l’intraitable Muriel, la femme (et assistante) du magicien qui remet de l’ordre dans la maison. Elle montre une fermeté et une présence toute féminine.
C’est Viviane Théophilidès qui joue le rôle de Gaby. Rayonnante, elle produit dans son personnage une grande partie de l’émotion de ce spectacle et apporte sa bienveillance et son charisme. En outre, elle en offre le moment le plus fort dans une scène de souvenirs magnifique.
Quant aux trois frangins, Jean-Paul Wenzel est certainement le plus à l’aise dans son rôle (écrit sur mesure comme pour les autres comédiens) de Jipé, qui tempère la susceptibilité de Philippe (Philippe Duquesne, sensible et captivant) ou la violence de Léo (Jean-Pierre Léonardini qui prête avec succès sa figure patibulaire et sa roublardise à cet élégant brigand). On sent l’amitié qui lie les trois comédiens et qui transpire dans la pièce.
Sous le regard expérimenté à la co-mise en scène de sa fille, Lou Wenzel (qui a proposé récemment une version particulièrement réussie de "Dehors devant la porte" de Wolfgang Borchert), Jean-Paul Wenzel parvient à nous tenir en haleine dans une comédie dramatique où les anecdotes d’enfance, la musique et la danse créent une belle histoire tragi-comique d’amour et d’amitié pleine de tendresse.
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