Comédie dramatique de Paul Claudel, mise en scène de Ulysse Di Gregorio, avec Coline Moser, Marianne Duchesne et Juile Mauris-Demourioux.
Ecrite après "L’Annonce faite à Marie", "La Cantate à trois voix", œuvre de Paul Claudel inspirée dans son fond et dans sa forme par la Bible, réaffirme l’importance de la poésie chez ce chrétien formé aussi par Rimbaud.
Trois femmes dans la nuit chantent l’amour de l’homme, libérateur des sens et de l’essence, fiancé, frère, époux disparu, comparé à un fleuve.
L’une est jeune fille, attendant tout du mariage, l’autre, veuve d’un homme qui vit toujours, exilée d’une Pologne violée, la dernière une "penseuse" qui chante l’absence comme une forme d’espoir dénudé. Toutes trois vibrent, éprouvent, guetteuses d’aurore et prêtresses des passages.
Il faut, sinon du génie - laissons-le aux auteurs - au moins une folie patiente et une passion incandescente pour mener à bien la mise en scène d’un tel texte.
Ulysse Di Gregorio, jeune homme de théâtre réputé, solitaire, probablement, a conçu, épaulé par le scénographe Benjamin Gabrié, un spectacle d’une rare beauté, sorte de sculpture vivante, où les trois comédiennes parlent, se drapent, pleurent dans un marbre de chair, plus humaines que des actrices, plus pures que des vestales, plus incarnées que des vivantes.
L’effet est saisissant : la poésie devient théâtre, puisque les trois personnages souffrent et entremêlent leurs âmes ensemble. Coline Moser, Marianne Duchesne et Julie Mauris-Demourioux sont Fausta, Beata et Laeta. Toutes trois sont simplement magnifiques.
Ce spectacle unit claudéliens et non-initiés dans une apothéose spirituelle et charnelle. Et ose le sublime. |