Spectacle musical de Christian Dupouy, mise en scène et interprétée par Luc Carpentier et Christian Dupouy.
Selon Michel Audiard "un barbu c'est un barbu, et trois barbus c'est des barbouzes". Au nombre de deux, ce sont les acolytes et joyeux drilles de la Compagnie Les 3 Versatiles en format "double-messieurs" et à l'affiche de "The Figurants"
Leurs portraits façon Studio Harcourt trônant sur chevalet donnent la mesure de l'ego de ces "grands ducs" réduits à faire de la figuration et jouer des productions miteuses.
Force est de constater que, pour l'un, conserver son patronyme - Jean-Paul Belmondi - et, pour l'autre, s'inventer un nom de scène témoin de son humour au second degré - Roger de Nireaux - ne constituent pas une idée de génie pour faire une carrière dans le monde du spectacle.
Acteurs incompris mais surtout, sinon ratés, du moins voués aux rôles de silhouettes, leurs édifiantes carrières sont narrées par une voix-off nasillarde calquée sur celle fameuse du présentateur de l'émission télévisée "Cinéma de minuit".
Et ils continuent de cachetonner mus par une inconscience candide, un optimisme béat et surtout une confiance aveugle en leur talent, traversés par des instants de lucidité. Ils n'ont pas renoncé au tout aussi hypothétique qu'aléatoire quart d'heure warholien tout en assumant leur "ringard style".
Coincés dans un studio de cinéma, ils se toisent, se jaugent et font assaut d'un narcissime édifiant pour comparer leurs mérites respectifs. La confrontation en musique et chansons entre l'homo viril - qui rêve de jouer Racine et Tchekhov tout en faisant un grand écart musical entre la chanson "Eurovision" et le hard rock metal - et l'hétéro chochotte - qui se voit en roi de l'opérette et digne successeur de Dario Moreno - ne manque pas de piquant.
Ce troisième spectacle de la compagnie, dont elle livre la recette* mais demeure le mystère du tour de main, est un régal.
Ses membres ont tous gardé de bienheureuses séquelles de leur appartenance à la fameuse troupe des Caramels Fous et calembours, gags, blagues surréalistes, parodies de standards de la chanson et pastiches en tous genres rythment un spectacle qui dérouille les zygomatiques.
Sans décor, mais avec de kitschissimes costumes confectionnés par Annick Mordo et Patrick, les deux protagonistes, Luc Carpentier, le petit qui a du coffre, et Christian Dupouy, le grand qui a de belles gambettes, chantent, dansent, jouent la comédie, se font leur cinéma.
Ils délivrent un two men show parodico-comico-musical déluré et jubilatoire qui comporte de véritables moments d'anthologie tels l'histoire de la renoncule "culcul-la praline" décimée par les pesticides au grand dam de l'arrière petite-fille butineuse de Maya l'abeille, la chanson culte "Piensa en mí" de "Talons aiguilles" de Pedro Almodovar allègrement revisitée, la caricature de la transsexuelle campée par Terence Stamp dans "Priscilla, folle du désert" et un bel hommage au duo Jacques Brel et Dario Moreno réunis dans "L'Homme de la Mancha".
Bien évidemment in-dis-pen-sa-ble pour les amoureux du genre et aussi pour les autres car il n'est jamais trop tard pour changer jamais d'avis. |