Comédie dramatique écrite et mise en scène par Yann Reuzeau, avec Sonia Bendhaou, Maryne Bertieaux, Geoffrey Dahm, Julien Frison et Alexia Hebrard.

Une demie douzaine de tables derrière lesquelles les lycéens, seuls ou par deux grattent leurs copies. Très vite, se dessine le portrait d’une classe sous haute tension.

Après la passionnante épopée politique "Chute d’une nation", Yann Reuzeau se penche sur le quotidien d’un petit groupe de lycéens dont on va suivre les trajectoires autour de la période charnière qu’est le bac. On verra également comment ils négocieront l’après-lycée et l’entrée dans la vie d’adulte, un virage qu’il ne sera pas aisé d’appréhender et qu’ils effectueront avec des fortunes diverses.

"De l’Ambition", avec une succession de scènes fortes (mais parfois, et c’est la seule réserve, inutilement hystériques), n’a certes pas la même richesse que les précédentes sagas de l’auteur mais a le mérite de faire entendre le cri d’une génération déboussolée, déjà abordée dans "Les débutantes" une décennie plus tôt, et qui paraît être au bord de l’explosion.

Véritable photographie de l’époque, la pièce décrit avec réalisme dans un contexte de société en perte de valeurs, la période troublée de la fin de l’adolescence, sa maladresse mais aussi son cynisme et sa grande dureté qui servent à masquer un romantisme enfoui. Et le positionnement de chaque individu dans un groupe en perpétuelle mouvance où chacun doit composer entre solidarité et individualisme.

La mise en scène de Yann Reuzeau offre sur les deux heures que dure le spectacle quelques très beaux moments, dont une scène d’amour particulièrement réussie.

La distribution, tout à fait cohérente, permet de révéler notamment au milieu de neuf comédiens tous justes, Maryne Bertieaux, qui interprète ce personnage le plus complexe de Cécile avec beaucoup de présence et de sensibilité.