Maite dugu Watine… même cachée derrière votre piano et surtout maintenant que vous avez décidé de chanter en Français. Atalaye (du nom du promontoire d’où les biarrots guettaient le passage des baleines, repéraient les bateaux ennemies et attendaient le retour des pêcheurs) est plus qu’une renaissance, car un artiste renaît un peu à chaque sortie d’un nouveau disque, c’est une seconde naissance. Comme si enfin la grande dame blanche avait lâché une partie d’elle pour mieux se retrouver et se mettre à nu.
Si les cordes (la voix, le piano, le violoncelle), les crescendos suspendus sont toujours au centre de ce disque, sa musique se fait plus encore délicate, lumineuse, ce à quoi elle semble tendre depuis ses débuts et qui fut déjà accentué avec This Quiet Dust. Atalaye est fait de velours, de bois, de sable, de l’eau de mer et de pluie, de vent. Il est terriblement humain, simple et raffiné, perméable à une poésie personnelle intérieure et profonde. Il donne cette impression d’être convié dans le jardin intime de la chanteuse, de passer un moment entre douceur et tendresse. La mélancolie n’est jamais très loin, au détour de sa vie de femme, des aveux de ses doutes (la solitude, la vieillesse…) et de ses faiblesses.
La voix de Catherine Watine est comme un fil tendu, étrange mix entre satiné et rugosité, acceptant sa fragilité, et si elle tient une place prépondérante, il y a toujours de l’espace pour que la musique puisse s’épanouir. Si "la mer a des reflets changeants", sa musique se pare de nombreux éclats différents grâce à une production tout en retenue signée Ian Caple (Tindersticks, Bashung, Tricky…) et à une orchestration de chambre aussi discrète que délicate et sensible (Badaboum et tralalère…).
Atalaye prouve une nouvelle fois tout le talent de mélodiste de son auteure, cette qualité à capturer harmoniquement une certaine humeur, cette "respiration menaçante de l’océan" pour citer Victor Hugo. Alors le vent se lève, la chanteuse enfile un gilet de laine, la mer reprend ses droits, nous frissonnons, oh oui maite dugu madame Watine…
Notre Dame qui renaît de ses cendres, la fête des lumières à Lyon, le spirituel est partout en cette quasi veille de Noël. Mais ce qui nous illumine chez Froggy's, c'est la culture ! Voici notre petite sélection hebdomadaire à partager avec vous !