Comédie de Jean-Loup Horwitz, mise en scène de Nicole et Jacques Rosner, avec Isabelle de Botton et Jean-Loup Horwitz.
Par leur connotation, certains prénoms sont difficiles à porter tel celui celui d'Adolphe dans les années 1930, de surcroît dans son orthographe germanique, et surtout quand il est attribué à un petit garçon juif.
Tel est le cas de Adolf Cohen, personnage imaginé par l'auteur dramatique, scénariste et comédien Jean-Loup Horwitz, né dans un ghetto d'Europe centrale pour qui le trajet vers la terre promise va passer par l'exil en France, l'emblématique pays de la liberté, mais au moment même où intervient la seconde guerre mondiale, et un tout aussi étonnant qu'incroyable périple confessionnel.
Avec "Adolf Cohen", il signe une fable humaniste, qu'il qualifie dans sa note d'intention d'"oxymore pour la paix", dont le personnage éponyme est un "juste", un homme progressiste, tolérant et pacifiste, dont la conscience politique et son respect de l'altérité a été forgée par son vécu atypique.
Il y aborde les thèmes du juif errant et du juif éternel survivant, le drame des enfants juifs séparés de leur famille pour être "rebaptisés" et cachés dans la zone libre, la fascination que peuvent exercer le rituel liturgique et l'étude des textes sacrés, quel que soit le nom du dieu loué, sur les esprits malléables, et la quête de soi dans l'Etat d'Israêl qui, dès sa création résultant du partage du territoire de la Palestine sous mandat britannique, est englué dans le conflit israélo-palestinien.
Placée sous le signe de l'humour sensible et d'une certaine distanciation, la partition, mise en scène avec sobriété par Nicole et Jacques Rosner, s'inscrit dans le cadre du théâtre-récit monologal, Jean-Loup Horwitz interprétant le personnage qui se fait narrateur diégétique, ponctué de quelques scènes dialoguées retraçant l'influence des trois femmes au caractère bien trempé campées par Isabelle de Botton dont le jeu enlevé apporte une touche de réalisme pittoresque. |