Le festival L'Estival de Saint-Germain-en-Laye présentait en ce samedi 3 octobre un plateau de découvertes francophones. Huit groupes et chanteurs présentaient ainsi leur production devant un public curieux et avide de découvertes.
Soyons franc, chez Froggy's Delight, on connaît bien le premier participant à ces découvertes, Keith Kouna. Et on continue à adorer. Toujours à l'aise, drôle malgré son univers volontiers sombre, le rire en politesse du désespoir, le québécois offre un (bien trop court) concert en trio, jubilatoire malgré la semi-pénombre dans laquelle le maintient l'éclairagiste. Sa venue en France coïncide avec un passage prochain dans le cadre du Festi'val de Marne.
C'est ensuite le duo voyageur Sages comme des Sauvages qui, maquillés, la chanteuse arborant une coiffe traditionnelle bulgare, vient présenter son folk mâtiné de folklore du monde. On y croise du blues malien ou les rythmes créoles d'Alain Péters dont ils font d'ailleurs une reprise. Leur premier album vient de sortir. Vus il y a quelques mois aux Trois Baudets, leur projet a gagné en assurance. Ils rappellent le M des tous débuts. A suivre avec attention.
C'est ensuite Michel Robichaud, le gagnant de l'édition 2014 du festival de la chanson de Granby qui foule pour la première fois une scène européenne. Son folk, rencontre improbable entre Cat Stevens et Jean Leloup, fait le grand écart entre surréalisme et hyperréalisme pour les textes. Sincère sur scène, on sent son projet mûrir et se nourrir d'expérience.
Lise Martin est une jeune chanteuse dont la voix profonde flirte avec la tradition de la chanson à texte. Accompagnée sur cette date d'un unique guitariste, ses compositions dépouillées font la part belle aux mots. Pleines de charme, ses mélodies font mouche, entre séduction et profondeur. Son double-album, Déments Songes, a déjà un an. Un second album est en préparation. Pour les parisiens, elle sera prochainement en concert au Forum Léo Ferré, partageant le plateau avec Garance et Lizzy, une belle date en perspective.
Après un court entracte, c'est au tour de Lou Di Franco de présenter ses chansons. Contrairement à son EP, étrangement trop produit, "la plus dijonnaise des sardes" offre un concert agréablement sobre qui met ses compositions en valeur. Accompagnée d'une batterie et d'une guitare sèche, la jeune chanteuse, qu'on a déjà pu entendre sur France Inter, donne ainsi un cadre joliment adapté sa voix. Son adaptation d'un chant révolutionnaire sarde est une vraie réussite.
Tonycello offre un tour de chant comique tout à fait réussi. Avec son violoncelle, qu'il appellera aussi "grosse guitare" en reprenant la "Leçon de guitare sommaire" de Boby Lapointe, il interprète à sa manières des classiques de Brassens ou de Brel. Ainsi "La valse à mille temps" devient "La vache à mille francs". Un belle tranche de rire.
Gaël Faure, seul en scène, accompagné d'une guitare sèche délivre ses chansons d'amour, fragiles comme de petits animaux maintenus en cage trop longtemps. Sa nouvelle chanson, "Éreinté", creuse le même sillon que les précédentes, celui de la terre. La formule acoustique relève sa très belle tessiture de voix et la sincérité des textes. Dans cette formule, j'ai l'impression de redécouvrir Gaël Faure.
Dans l'Shed, ce qui signifie "dans le petit cabanon" en argot du Québec, est un duo originaire de Gaspésie. Là encore, la sincérité pointe à la surface de chaque chanson, qu'il s'agisse de la vie de tous les jours ou de thèmes plus politiques, comme celle des indiennes disparues au Québec, "Les Disparues". La situation des indiens est un thème qui a été traité dans la chanson québécoise autant par Gilles Vigneault que par le groupe de rap Loco Locass. Très belle découverte que ce duo qui manie guitare et lapsteel, et sera en tournée en France en novembre.
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