Alors que certains mettent dix ans pour sortir un disque et même pas bon en plus, Fred Pallem enchaîne les projets : en grande formation (section cuivres et section rythmique) avec divers invités (Thomas de Pourquery, Hugh Coltman, Juliette Paquereau…), Soul Cinema autour de la musique des films "blaxploitation", French Touch et Soundtrax avec la musique de Jean-Claude Vannier, Francis Lai, Raymond Lefebvre, Philippe Sarde, François de Roubaix, Michel Magne, Michel Legrand... ou encore Neil Young Never Sleeps, tous plus passionnants les uns que les autres. La démarche artistique de Fred Pallem "a toujours été de faire fusionner musique "populaire" (pop, rock) et musique savante (jazz, contemporain) tout en convoquant des images dans l'esprit de l’auditeur" et son idéal : "s’exprimer à travers un orchestre de jazz qui ait la puissance du rock". Le tout avec d’excellents (euphémisme) musiciens comme : Rémi Sciuto et Sylvain Rifflet (saxophone), Aude Challéat (flûte), Daniel Zimmermann (trombone), Vincent Taeger (batterie), Vincent Taurelle (claviers), Yann Martin et Fabrice Martinez (trompette), François Bonhomme (cor), Arnaud Roulin (synthés…), etc.
La musique de François de Roubaix (si vous n’en avez jamais entendu parler… sincèrement ? Il a composé par exemple les thèmes de la série d’animation Chapi-Chapo, les bandes originales de Dernier Domicile Connu, Adieu L’ami, de La Scoumoune, de L’Homme-orchestre et du Vieux Fusil), Pallem y est tombé dedans depuis tout petit. Elle accompagnait d’abord les voyages familiaux en vacances via une anthologie en cassette que son père mettait pour faire passer le temps en voiture puis elle est devenue le meilleur moyen d’ensoleiller sa vie, de le construire aussi. Se réapproprier cette musique sonnait donc comme une évidence. Mais les évidences sont dangereuses. Fred Pallem aurait facilement, et il n’aurait pas été le premier, pu tomber dans une certaine facilité. Il n’en est rien.
Le bassiste travaille sur la structure des morceaux ("L’homme orchestre" par exemple) et sur leurs couleurs sonores : ils sont réinterprétés sous un angle plus électronique aux moyens d’arrangements axés sur les synthétiseurs et sur l’improvisation. Il porte également un soin considérable aux mélodies et à l’interprétation (le très chic "Boulevard du Rhum" chanté par la délicieuse Barbara Carlotti, le superbe et Gainsbourien "Je saurais te retenir" par Alexandre Chatelard et Alice Lewis, un bémol pour "Chapi Chapo" avec Philippe Katerine…).
Continuellement inventif, avec une très large palette sonore, ce disque permet des scénarios imaginaires, des courses-poursuites, des scènes d’amour, de voyages aquatiques, en empruntant les images de Jean-Pierre Melville, Robert Enrico, José Giovanni ou encore Jean-Pierre Mocky. Un album qui va donc bien au-delà du simple hommage, c’est une célébration !, qui ravira les fans de De Roubaix mais qui peut s’écouter avec délectation si on n’a auparavant jamais entendu la moindre note du compositeur Français. Il y a tant de musique et en effet : "ça ne manque pas d’une certaine poésie"…
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
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